A vélo entre le Jura et la Grèce, le voyage tout en sobriété de Marius
Si vous étiez à Briançon cet été, en juillet, vous l’avez peut-être croisé avec son vélo et sa remorque bien chargée. Il pédale au gré des rencontres et des envies. Toujours heureux de partager son périple et de raconter souvenirs et anecdotes, c’est l’occasion de faire la connaissance d’un jeune voyageur skieur, cycliste et grimpeur.
Il s’appelle Marius Abraham et relie en vélo le Jura, d’où il est originaire, et la Grèce. Marius a 20 ans. Après avoir été entraîneur de l’équipe franc-comtoise de combiné nordique, il est aujourd’hui moniteur de ski de fond l’hiver. L’été, il voyage. En ce moment donc, il pédale de site d’escalade en site d’escalade, bivouaque sur sa route jusqu’à atteindre la Grèce. Il se donne jusqu’à décembre pour terminer son voyage. Après son départ du Jura, fin mai, Marius est passé par les Bauges, la Chartreuse, le Vercors, puis est descendu à Die, à Gap, et a remonté toute la vallée de la Haute-Durance jusqu’à Briançon. Des amis rencontrés à Briançon et l’événement du mondial de l’escalade autour du 14 juillet l’ont fait s’y arrêter une dizaine de jours. Puis il a poursuivi son voyage, en toute sobriété. Voyager à vélo, c’est synonyme pour Marius de liberté et d’une organisation modulable au jour le jour en fonction des envies et des rencontres. Il roule à contresens de l’esprit de compétition et de course en ayant le luxe de prendre son temps. « La plupart du temps, je bivouaque un peu n’importe où, explique-t-il. Je trouve un endroit un peu calme, où je ne dérange personne ».
Je suis parti en voyage pour avoir ce temps, ce luxe de vivre au jour le jour
Marius Abraham
Voyager sobrement, pas facile avec plusieurs dizaines de kilos de matériel à transporter. Avant de reprendre la route, Marius nous a organisé une visite guidée de son bolide, un beau vélo tout bleu. Un vélo qui n’a pas de nom car, dit-il, il évite de trop s’y attacher, il aura moins de peine en cas de vol ou de perte.
Dans la sacoche avant gauche, il y a la chambre à coucher. Dans la sacoche avant droite, il y a la cuisine et la salle à manger. Et à l’arrière, ma remorque trimballe aimablement mon matos d’escalade et ma guitare
Il terminera son séjour à Briançon à la fin des championnats du monde d’escalade lors d’une soirée sous les étoiles « avec une belle bande de grimpeurs belges […], gratin de la grimpe mondiale qui décompressait de leur compétition du week-end », écrit-il sur Facebook. « Fidèles aux clichés qui leur collent à la peau, les belges ont ramené un groupe électrogène et une friteuse », relève-t-il, amusé. Depuis qu’il a quitté Briançon (il est passé en Italie par le col de l’Échelle), il a eu le temps de vivre de belles aventures, qu’il partage de temps en temps sur les réseaux sociaux. Dernière en date il y a un mois. En Italie, alors qu’il cherchait un endroit où passer la nuit, il trouve une vieille dame couchée au sol, manifestement incapable de se relever. « Sans cette belle coïncidence, c’était une nuit à la belle étoile sans couverture à 2000 m qui l’attendait », raconte-t-il. La dame de 85 ans repartira en stop jusqu’au village voisin, après avoir offert à Marius une edelweiss et un paquet de bonbons.
En ce moment Marius est en Croatie. Il est à Split, une ville de 170.000 habitants dans le sud-est du pays, sur les rives de la mer Adriatique. Joint par téléphone ce lundi, il s’abritait d’un orage sur les quais du port.
Je suis sur les quais, dans Split, il pleut des cordes, tout le monde est caché sous les terrasses des restaurants. Avec les copains on mange un flan, et la serveuse vient de casser un verre
Au programme de ces prochains jours : de l’escalade sur l’île de Hvar, puis un passage par la Bosnie-Herzégovine. Dans trois mois, après avoir rallié la Grèce, Marius troquera les roues contre les planches, le flan contre la cancoillotte. Non sans avoir goûté au tzatziki grec, bien sûr. « Peut-être que cette idée de voyager de façon neutre, ça va semer des graines autour de moi », espère-t-il. Il sera de retour chez lui aux Bouchoux, dans le Jura, en décembre, juste à temps pour reprendre la saison de ski.