Serre-Ponçon : du cresson pour lutter contre les vents de sable ? Ça marche !
Les vents de sable ont longtemps été une nuisance pour les communes proches de la queue du lac de Serre-Ponçon, à savoir Embrun, Baratier et Crots. A la faveur de fortes brises thermiques, ils pouvaient même atteindre Châteauroux-les-Alpes et Saint-André d’Embrun, situées à une dizaine de kilomètres.
Mais depuis quelques années, ce phénomène est beaucoup moins fréquent, grâce aux aménagements réalisés par le Smadesep, syndicat mixte d’aménagement et de développement de Serre-Ponçon.
Christophe Rapuc travaille à l’observatoire environnemental du milieu aquatique du Smadesep. Il rappelle le mécanisme de formation de ces vents de sable.
Les vents de sable se produisent au niveau de la queue de retenue de Serre-Ponçon, à la confluence entre la Durance et le lac. La Durance charrie beaucoup de matériaux, et notamment des limons, des sables très fins, qui se déposent à l’arrivée dans le lac, dans la queue de retenue. Quand le lac baisse pour assurer une production énergétique, ces sédiments se retrouvent totalement exondés, ils sèchent, et à la faveur des brises thermiques et des vents, ils se soulèvent et s’envolent dans l’atmosphère. Ce phénomène intervient quand le lac est bas, ça peu commencer au mois de février, jusqu’à fin avril, début mai quand le lac se remplit avec la fonte nivale.
Christophe Rapuc
Le Smadesep, en partenariat avec EDF, a longtemps tâtonné pour trouver une solution à ces vents de sable, redoutés des riverains. Aujourd’hui, le phénomène a été fortement réduit, grâce à la combinaison de plusieurs stratégies.
En rive droite de la Durance, on a réalisé des extractions de matériau pour faciliter la navigation, ce qui fait que ça abaisse les hauts fonds. Ces fonds-là se retrouvant plus bas, ils restent plus longtemps immergés et la nappe de la Durance qui est toute proche vient également humidifier les sédiments. En rive gauche, on a une campagne de plantation de céréales, type avoine ou blé, qui germent assez rapidement et qui viennent fixer les sédiments au sol. On combine ça à de l’arrosage par des citernes. Et on a également testé plusieurs espèces de végétaux, notamment du cresson, qui vient tapisser la queue de retenue. C’est une espèce qui est vivace, qui résiste aux périodes d’inondation du plan d’eau, et qui arrive à recoloniser son milieu malgré les dépôts sédimentaires. Cette plante-là, avec son système de racines, vient fixer les sédiments au sol.
Christophe Rapuc
Grâce à la mise en place de ces différents moyens, les envolées de sable sont devenues beaucoup moins fréquentes, se félicite Christophe Rapuc.
On a trouvé un bon équilibre, tant qu’on reste dans des gammes de vent relativement faible, jusqu’à 40 km/h. On arrive à gérer avec les plantations et l’arrosage. Au-delà de 40-50 km/h, on aura encore des épisodes de vents de sable.
Christophe Rapuc
Pour ce mois d’août, pas de vents de sable en perspective, car la cote du lac de Serre-Ponçon est encore bien haute, à 777,55 mètres ce mardi 12 août, soit 2,55 mètres au-dessus de la cote de compatibilité touristique.