L’association Grimpeuses, ou le « féminisme appliqué à l’escalade »
En France, les femmes représentent seulement 2,5 % des guides de haute-montagne selon Femmes en montagne. L’association Grimpeuses pointe plus largement la difficulté pour les femmes « d’occuper la place » et « prendre le lead » dans le milieu de l’escalade. Fondée en 2018, elle organise chaque année un weekend pour « pousser les femmes à s’investir plus dans leur escalade et que cela rejaillisse sur leur vie ». Le prochain se déroule les 7 et 8 juin à Ailefroide.
Par construction sociale, les femmes seraient moins souvent à l’initiative du choix des secteurs et des voies en fonction de leurs projets que les hommes, explique Caroline de l’association Grimpeuses.
Les femmes ont assez tendance à suivre, papillonner un peu et à ne pas se dire : « cette voie, je veux la faire et je vais mettre tout en place pour faire mon projet, quitte à obliger mes compagnons de cordée à revenir sur ce spot ».
Caroline, association Grimpeuses
L’association Grimpeuses propose un large panel d’activités. Des ateliers : bloc, chute, montage de portaledge, une série de tables-rondes : comment préparer son voyage en solo, déchiffrer un topo, dépasser ses peurs en escalade, faire évoluer sa passion en fonction des différentes phases de la vie. Cette démarche complète est une sorte de « féminisme appliquée à l’escalade » résume Caroline, qui a elle-même suivi ce processus.
J’ai été une athlète de compétition et pourtant je me suis retrouvée à me mettre dans la position d’une suiveuse, à laisser mon copain choisir les spots de falaise. Je lui disais « tout me va ». Et ça c’est vraiment culturel, on est dans une société patriarcale. Il faut prendre un peu de recul pour se rendre compte de son propre comportement en tant que femme. Ce n’est pas forcément l’homme qui ne va pas te laisser de la place, c’est que toi, tu ne l’auras pas prise […]. Au bout de deux ans à faire la suiveuse, bien sûr je faisais des voies dures, mais ce n’était pas mes projets. Poussée par d’autres personnes je me suis enfin mise dans mon propre projet et je me suis rendue compte que j’en étais capable. Ça m’a fait grandir.
En cultivant cet état d’esprit sur le long-terme « [Les femmes] vont apprendre à s’écouter plus, prendre plus d’espace dans ce qu’elles aiment et du coup elles vont pouvoir l’appliquer dans d’autres parties de leur vie » complète Maria, monitrice d’escalade et cofondatrice des Grimpeuses.
Pour ses événements, l’association n’a pas fait le choix de la non-mixité choisie. Au contraire, les conjoints sont les bienvenus, mais seulement sur une partie des activités signale Caroline.
Les premières années on avait fait le choix de la non-mixité, mais on s’est rendu compte que si on veut faire avancer les femmes vers l’égalité […] il faut faire avancer les hommes avec. C’est bien de faire venir les conjoints et les copains car ça les fait avancer de se retrouver en minorité pour une fois, car c’est assez rare en escalade, .
Maria, BE d’escalade et membre de l’association Grimpeuses
L’événement à Ailefroide inclut une sortie avec la compagnie des guides des Écrins, la seule activité encadrée exclusivement par des hommes. Une situation qui ne résulte pas d’un choix mais d’un état de fait : « dans ma compagnie il y a quarante guides dont une seule femme » explique Maria. « C’est pour ça qu’il faut du féminisme en escalade » conclut Caroline.
Plus d’infos sur le weekend des 7 et 8 juin 2025 ICI