Élections législatives : les Hautes-Alpes basculent à gauche
Le Nouveau Front Populaire a raflé les deux circonscriptions du département, auparavant acquises au parti présidentiel, avec deux candidates investies par le Parti Socialiste, Marie-José Allemand et Valérie Rossi. Réactions des candidates et du sénateur de Hautes-Alpes, qui estime qu’avec la nouvelle composition de l’Assemblée Nationale, le pays entre dans une « nouvelle ère » qui pourrait aboutir à un rééquilibrage entre les pouvoirs exécutifs et législatifs.
Dans la première circonscription – comme en 2022 – il aura fallu attendre le dépouillement des derniers bulletins de vote pour affirmer que Marie-José Allemand, Nouveau Front Populaire, était bien la nouvelle députée. En effet, alors qu’il ne restait que quelques centaines de bulletins, Jérôme Sainte-Marie du Rassemblement National était encore donné vainqueur par les résultats partiels. La ville de Gap, réputée pour ne pour ne pas voter à l’identique du reste de la circonscription, aura finalement fait pencher la balance en faveur de Marie-José Allemand qui l’a emportée de 1287 voix en réunissant 51,64 % des voix exprimées contre 48,36 % pour Jérôme Sainte-Marie. Sans la ville de Gap, ces deux scores auraient été strictement inversés.
Les travaux parlementaires reprendront jeudi prochain. « La valise est prête, je vais prendre la route pour l’Assemblée Nationale » confiait ce matin Marie-José Allemand, qui a tout d’abord remercié ses électeurs, avant de s’adresser à ceux qui n’ont lui ont pas accordé leur voix.
J’aurai vraiment à cœur de les représenter du mieux que je peux et de leur montrer qu’effectivement, même si au départ ils y croyaient pas, ils peuvent me faire confiance. Je veux leur démontrer qu’ils ont eu tort de ne pas croire en nous.
Marie-José Allemand, députée de la circonscription de Gap
Marie-José Allemand s’est aussi dite honorée du fait que Pascale Boyer, candidate Ensemble qualifiée au second tour, lui ait accordé sa confiance en retirant sa candidature pour lui laisser toutes ses chances de battre Jérôme Sainte-Marie.
Egalement élue dans l’opposition au conseil municipal de Gap, la nouvelle députée de la première circonscription a fait savoir qu’elle ne comptait pas s’en retirer, ni se mettre en retrait. Elle voit au contraire cette double casquette comme une chance pour les habitants, et sa mission de représentation des citoyens.
C’est quelque chose que j’ai depuis de très nombreuses années et je l’ai toujours fait. C’est important aussi d’avoir ces mandats-là pour garder les pieds sur notre territoire et sur terre. Et pour défendre sur ce mandat-là les Gapençais et Gapençaises. C’est aussi quelque chose qui me tient à cœur parce que la ville de Gap a besoin d’avoir un nouveau souffle.
Marie-José Allemand, députée de la circonscription de Gap
Lundi matin, le groupe d’opposition Ambition pour Gap adressait ses félicitations aux deux députées, grâce à qui « des valeurs communes promues telles l’écologie, la solidarité, la justice sociale, la fraternité, l’humanisme, l’ont emporté. » Le groupe pose en revanche « la question de la montée du RN dans notre territoire ». Est-ce une conséquence d’une « volonté de changement ? D’une crise de la représentation, crise de confiance en nos représentants ? ». Pour y répondre, Ambition pour Gap estime que qu’il faut « promouvoir un changement de stratégie à l’échelon local, de continuer à élaborer un nouveau mode de concertation citoyenne. »
Dans la deuxième circonscription, Valérie Rossi l’a emporté avec 56,35 % des voix, contre le candidat RN Louis Albrand. L’ancienne maire de Puy-Sanière a réagi au micro de ram05 dimanche soir.
Une grande satisfaction pour cette victoire, qui n’est pas que la mienne ni celle de mon suppléant Vincent Bonnardel, mais aussi de l’ensemble des personnes qui se sont mobilisées depuis trois semaines autour de notre candidature, qui nous ont portés, qui nous ont nourris, qui nous ont apporté, redonné du souffle quand nous n’en avions plus. Et donc cette victoire, c’est celle de l’ensemble des personnes qui nous ont fait confiance dès le premier tour et également de toutes celles et ceux qui nous ont rejoints aussi sur ce second tour des élections.
Valérie Rossi, élue députée de la circonscription de Briançon
La nouvelle députée est arrivée en tête dans 61 des 89 communes de cette circonscription. C’est dans les communes du Champsaur et de l’Avance qu’elle réalise ses moins bon scores, sous la barre des 50 %. En revanche, elle culmine à 80 % à Mont-Dauphin. À Briançon, Valérie Rossi récolte 60 % des suffrages exprimés, bien qu’elle n’ait pas été soutenue par Arnaud Murgia, le maire de la ville, tandis qu’à Embrun, la députée NFP affiche un score de près de 62 %. La maire de la commune Chantal Eyméoud s’en est félicitée.
Moi je suis vraiment ravie, bien sûr, de la victoire de Valérie Rossi. C’est un vrai bonheur, un vrai soulagement, etbeaucoup d’émotions. Donc je pense qu’il y a un sursaut, un rassemblement des Français. Pour autant, il faut tirer [leçon] de ce qu’il s’est passé, de la contestation de bon nombre de Françaises et de Français. Faire en sorte que l’État, aujourd’hui, fasse davantage confiance aux territoires, aux communes, aux intercommunalités.
Chantal Eymeoud, vice-présidente de la Région PACA, maire d’Embrun et référente du parti Horizon dans les Hautes-Alpes
Une nouvelle Assemblée plus éclatée entre les différentes sensibilités politiques et surtout, avec une majorité relative de couleur différente de celle de l’exécutif. Pour légiférer, les discussions et négociations seront plus incontournables encore que dans la précédente mandature. Et ce n’est pas une mauvaise nouvelle, pour le sénateur des Hautes-Alpes. « Les grands pays libéraux, les grandes démocratie de l’ouest et de l’Europe savent faire » a-t-il déclaré au micro de ram05. L’élu voit dans cette cohabitation « une opportunité » de rééquilibrer les pouvoirs exécutifs et législatifs..
On entre dans une nouvelle ère qui me ravit, au moins sur ces principes que sont le retour du parlementarisme dans l’organisation de la société française, des institutions françaises, avec un exécutif moins puissant et un parlement qui représente le peuple dans sa diversité, y compris dans l’Assemblée nationale renouvelée ce soir, qui constitue aussi une opportunité de travailler différemment dans ce pays, de faire en sorte de travailler à des rassemblements sur des idées, des projets, et obliger aussi à la responsabilité, puisque l’Assemblée nationale ne peut plus être dissoute dans l’année qui vient […] et donc on est dans la recherche de compromis – et je dissocie le terme « compromis » de « compromission ».
Jean-Michel Arnaud, sénateur des Hautes-Alpes
Jean-Michel Arnaud a indiqué « se réjouir de pouvoir travailler dans le respect des opinions et des diversités de manière constructive avec les deux parlementaires que les haut-alpins ont élus. »
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