Illustration de l'Unafam

Habitat inclusif : 150 places prévues d’ici 2030

Dans les Hautes-Alpes, quelques 150 places d’habitat inclusif sont prévues à l’horizon 2029, dont une centaine pour les personnes âgées et une cinquantaine pour les personnes en situation de handicap.

Répondre au désir de vivre chez soi tout en faisant face à l’augmentation de la population âgée qui passera de 4,1 millions à 6,1 millions pour les plus de 75 ans d’ici 2030. C’est l’objectif de l’habitat inclusif destiné, selon la loi, « aux personnes handicapées et aux personnes âgées qui font le choix, à titre de résidence principale, d’un mode d’habitation regroupé, entre elles ou avec d’autres personnes […] avec un projet de vie sociale et partagée ». Dans les Hautes-Alpes, quelques 150 places d’habitat inclusif sont prévues à l’horizon 2029, dont 100 pour les personnes âgées et une cinquantaine pour les personnes en situation de handicap.

Le département des Hautes-Alpes a budgété 350 000 euros en 2023 pour rémunérer des animateurs dans ces habitats, une dépense à mettre en regard avec les 80 millions d’euros du budget de la politique sociale du département.

Ginette Mostachi, vice-Présidente du département chargée des solidarités y voit « une demande réelle de la population des Hautes-Alpes ». « C’est une priorité de s’investir dans ces projets : on permet aux personnes en situation de handicap de rester chez elles presque jusqu’au bout, tout en ayant des activités », explique-t-elle..

Le département a fait le choix de petites structures avec « au maximum, jusqu’à 18-20 personnes ».

L’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis), mène trois projets d’habitats inclusifs dans les Hautes-Alpes : deux à Tallard et un à Gap, pour huit habitants à chaque fois.

Des projets menés en partant des demandes des futurs habitants. A Tallard, il s’agira d’un hôtel des voyageurs avec des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Plus une unité de jeunes en situation de handicap, travaillant en Esat (Établissement et service d’aide par le travail).

A Gap, une maison louée à un propriétaire privé accueillera des personnes vieillissantes, des anciens travailleurs en Esat (Établissement et service d’aide par le travail), comme l’explique Charlène Croisé, coordinatrice de parcours à l’Unapei.

« L’idée c’est de connaître son voisin, de partager des temps ensemble et d’avoir un espace commun tel un jardin et une petite salle pour profiter de moments partagés. On connaît les futurs locataires, mais surtout eux ils se connaissent. L’idée c’est d’être chez soi mais de pouvoir boire un café, faire des activités avec son voisin et rompre l’isolement, tout simplement. »

Charlène Croisé, Unapei

Une alternative entre l’habitat isolé et l’institution, pour un public de personnes âgées ou en situation de handicap. Charlène Croisé prend l’exemple d’une jeune fille qui les a contacté. Elle vit au domicile de sa mère et souhaite avoir un domicile autonome, mais sa mère n’est pas encore assez sécurisée pour pouvoir la laisser partir seule. La villa avec un animateur pourrait être une solution, selon Cyrielle Siracuse, directrice adjointe de l’Unapei Alpes Provence.

On est vraiment sur un virage aujourd’hui, on parle de désinstitutionnalisation. On a de plus en plus de personnes qui sont dans des foyers d’hébergement, qui sont hébergés sur des foyers éclatés qui souhaitent avoir un appartement autonome, de vivre seules chez soi et dans un endroit aussi où elles ont choisi d’habiter. Mais aujourd’hui elles ont besoin d’être sécurisées dans ce parcours là. Le fait de rentrer dans un parcours inclusif, ça permet de sécuriser ce parcours là. Ça permet d’avoir cette vie en autonomie tout en gardant du lien social, toute une interaction qui se passe avec ses voisins proches.

Cyrielle Siracuse, directrice adjointe de de l’Unapei Alpes Provence.

Un animateur sera présent à temps plein pour chaque unité. Ces emplois seront cofinancés par le département et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Mais c’est le seul financement dont disposeront ces unités qui relèvent du droit commun. Contrairement aux établissements médico-sociaux et aux foyers éclatés, où nourriture et hébergements sont pris en charge.

Aujourd’hui n’est pas pris en compte tout ce qui est frais de fonctionnement, l’ingénierie de projet, le recrutement. Donc bien sûr, économiquement je pense que c’est une façon de rationaliser.

Cyrielle Siracuse, directrice adjointe de de l’Unapei Alpes Provence.

L’habitat inclusif permettra aussi de soulager des établissements médico-sociaux débordés.

Moi je vois vraiment un sens dans ce projet pour nos établissements, aujourd’hui on a des tas de liste d’attente sur nos foyer d’hébergement, les foyers d’éclatement. On a des personnes entrées dans ces foyers qui restent très longtemps donc ça devient un système un peu bouché. Où y a pas tellement de nouvelles places qui se créent. Le fait de créer un habitat inclusif, ça crée un système de vases communicants : des personnes en foyer d’hébergement pourront aller en foyer éclaté qui potentiellement pourront aller sur des foyers éclatés. Ce qui va permettre de remettre un turn over au niveau de nos établissements. Et de rendre plus possible la mission dans nos établissements.

Cyrielle Siracuse, directrice adjointe de de l’Unapei Alpes Provence.

A l’entrée du Valgaudemar, la commune de Saint-Firmin veut elle transformer un ancien hôtel touristique en habitat inclusif pour personnes âgées. Jean-Luc-Blache, maire de Saint-Firmin, nous raconte l’histoire de cet hôtel, construit dans les années 1970.

Le bâtiment est en cours d’acquisition pour quelques 350 000 euros via un système de portage par l’établissement public foncier (EPF). Une fois les subventions trouvées, la commune lui rachètera le bâtiment sans frais, ni intérêts supplémentaires.

Les chambres d’hôtels seront transformées en petits appartements avec une pièce séjour-cuisine, une chambre et une salle de bain. Le tout sera mis en location pour des personnes âgées autonomes.

Une enquête a été réalisée sur l’ensemble du secteur du Valgaudemar avec environ 80 réponses pour cerner la demande.

Deux ou trois appartements seront prévus pour des couples. Les deux étages inférieurs seront aménagés en tiers-lieu, avec divers usages envisagés : le maintien du restaurant pour les gens de passage, une salle d’animation pour les personnes âgées, une salle de remise en forme destinée aux kinés du pôle santé, les bureaux d’une association de service à la personne, ainsi qu’une maison d’assistantes maternelles donnant sur un jardinet.

L’objectif est d’ouvrir d’ici à deux ans, après d’importants travaux estimés à 3 ou 4 millions d’euros. La moitié seront pris en charge par le gestionnaire-bailleur de la partie logements, l’autre par la mairie qui espère des aides financières. Briançon, l’Argentière, Espinasses, Veynes, Saint-Bonnet-en-Champsaur : il existe une quinzaine de projets en cours dans les Hautes-Alpes.