18 mois, un documentaire sur un squat marseillais en écho aux luttes pour les exilés à Briançon
A l’occasion de la « Faites de la fraternité » et de la journée internationale des migrants, une déambulation en musique a rassemblé hier plusieurs dizaines de militants à Briançon. Deux films étaient projetés : l’avant-première de Ceux de la nuit, un film de Sarah Leonor rassemblant parole de maraudeurs et d’exilés sur des images de montagne, et 18 mois, un documentaire sur le squat Saint-Just à Marseille, réalisé par Roxane Perrot et Kangsu Kim.
A Marseille, en décembre 2018, un collectif décide de mettre à l’abri des mineurs isolés et des familles en demande d’asile. Ils occupent un immense bâtiment appartenant au Diocèse, juste en face du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, censé protéger ces mineurs. Pendant 18 mois, jusqu’à 350 personnes y vivront simultanément. L’ancien couvent devient à la fois un lieu d’hébergement alternatif et un lieu de lutte, où se créent mouvements d’entraide, actions culturelles, accès au soin, scolarisation des enfants. 18 mois c’est le titre de ce documentaire qui nous plonge dans le quotidien du squat. C’est le premier film de l’un des réalisatrices Roxane Perrot, présente comme solidaire dès les premiers mois de l’occupation.
La jeune femme a tourné le film « à l’instinct » en autoproduction avec une jeune vidéaste coréen Kangsu Kim, avant d’être accompagnée par un producteur. Depuis la fermeture du squat suite à un incendie en juin 2020, le département des Bouches-du-Rhône continue à être régulièrement condamné en justice pour non respect de la loi l’obligeant à mettre à l’abri ces mineurs non accompagnés. Mais Roxane Perrot recroise souvent certains des anciens habitants du squat qui ont fait leur chemin.
Le film, déjà projeté à Marseille, sortira le 24 décembre 2022 sur le site Mediapart et sera disponible un mois pour les abonnés. D’autres projections sont prévues à Lyon, Paris, Forcalquier et Toulouse. Toutes les informations sur zeke-film.com
Un documentaire en écho à l’action menée par les associations d’aide aux exilés de Briançon, dont les pancartes dénonçaient hier un durcissement des pouvoirs publics. Michel Rousseau, de l’association Tous Migrants.
Dans une circulaire datée du 17 novembre 2022, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a en effet demandé aux préfets de durcir l’application des obligations de quitter le territoire français (OQTF) envers « l’ensemble » des étrangers en situation irrégulière et plus seulement « les étrangers délinquants », cibles prioritaires de son projet de loi sur l’immigration, qui doit être présenté au Parlement début 2023. Il rappelle aussi sa volonté de rendre « impossible » la vie des personnes sous OQTF, en s’assurant qu leurs droits sociaux suspendus.
Ouverture d’hébergement d’urgence, déclenchement du plan grand froid, et respect des droits des migrants, comme celui de déposer une demande d’asile sans être refoulé systématiquement à la frontière, les revendications des associations visent aussi la situation à la frontière franco-italienne.
Un avant-goût du projet de loi sur l’immigration à venir dans quelques semaines, craignent les associations.