Signature de la convention, le 9 janvier 2023 à l'évêché de Gap-Embrun /LF

Violences sexuelles : le diocèse confie l'écoute des victimes à l'association « Enfant en danger »

Les personnes victimes de violences sexuelles subies au sein de l’Église dans le diocèse de Gap-Embrun pourront désormais contacter directement l’association haut-alpine « Enfant en danger ».

C’est le sens de la convention signée lundi 9 janvier 2023 par le diocèse Gap-Embrun et l’association, créée en 1996 à Gap. Évêque de Gap, Mgr Xavier Malle a souhaité confier cette écoute, jusqu’alors assurée par des laïcs bénévoles, à des professionnels. L’association Enfant en danger, qui compte deux salariés, aura pour mission d’écouter les personnes, mineures ou majeures, victimes d’un clerc ou d’un laïc en mission ecclésiale sur le diocèse.

Puis de transmettre les faits dénoncés à la justice, ainsi qu’au service diocésain de protection de l’enfance et des personnes vulnérables. L’association pourra également accompagner les victimes qui le souhaitent dans la procédure judiciaire, voire se constituer partie civile.

L’accord entre les deux parties est signé pour deux ans. L’association, qui est agrée par l’éducation nationale, n’a pas souhaité de rétribution financière. Elle considère que cette écoute rentre dans ses missions. On écoute Daphné Bichet, sa nouvelle présidente.

Arrivé en mai 2017 dans les Hautes-Alpes, Xavier Malle a fait de la lutte contre les violences sexuelles au sein de l’Église une de ses priorités en créant une cellule de veille ainsi qu’une cellule d’écoute (lire sa lettre pastorale de 2018).

Le bilan de cette cellule d’écoute est cependant contrasté. En effet, seules 3 personnes victimes se sont adressées à elle depuis sa création. Au total, selon l’évêque, ce sont 11 faits qui ont été révélés depuis 2017. Il s’agit d’actes commis par des clercs, des religieux ou des laïcs qui ont servi dans le diocèse de Gap depuis une quarantaine d’année. En novembre 2019, l’évêque a signé une convention avec le procureur général de la cour d’appel de Grenoble. Le diocèse s’est engagé à «porter à la connaissance des autorités civiles et ecclésiales les faits dénoncés pour en assurer le meilleur traitement juridique».

Dans son rapport rendu public en octobre 2021, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) décrit un phénomène « massif » et « systémique » d’agressions sexuelles et de viols au sein de l’Église. La commission estime à 216 000 le nombre de victimes toujours vivantes. En novembre dernier, la Conférence des évêques à Lourdes avait également marqué les esprits en annonçant que huit évêques ou anciens évêques faisaient l’objet d’investigations pour abus et trois autres pour non-dénonciation.

Et parmi eux, Jean-Michel Di Falco, évêque de Gap jusqu’en 2017, accusé de viol et d’agression sexuelle sur mineur. Au pénal, la plainte de la victime avait été classée sans suite pour prescription en 2002. Mais en août dernier, un arrêt de la Cour de cassation a relancé au civil la procédure contre l’ancien évêque aujourd’hui retraité. Rappelons qu'il est présumé innocent. Les faits, que Jean-Michel Di Falco nie farouchement, auraient été commis au début des années 1970 à Paris dans un collège privé qu’il dirigeait. Quel message souhaite adresser Monseigneur Xavier Malle au plaignant ?

Au début des années 2000, le diocèse de Paris s’était contenté de déplacer son évêque, envoyé à Gap. Il y restera de 2003 à 2017. Mgr Xavier Malle assure que le déplacement des clercs accusés de violences sexuelles appartient au passé.

Les victimes peuvent s'adresser à l’association Enfant au danger : 0492515500 enfant.endanger@free.fr. Si elles le préfèrent, elles peuvent demander un entretien à l'évêque Xavier Malle : assistante.eveche@diocesedegap.com au 0492510275.