L'affiche du rassemblement.

Un village éphémère pour interpeller sur la crise du logement

«  Nous ne pouvons plus nous loger, alors créons notre village ! » Plusieurs collectifs appellent à un rassemblement à La Garenne de Crots du 16 au 18 septembre 2022 pour penser des solutions à la crise du logement dans les Hautes-Alpes. Comment loger convenablement tous les habitants du département sans empiéter sur les espaces naturels et les terres agricoles ? Anna, membre des collectifs No golf 05 et Adieu glaciers 05.

On a besoin des emplois mal rémunérés pour participer à l'économie locale, mais par contre, si par manque de moyens, on veut installer une yourte, là ce n'est pas accepté. On souhaite interpeller par ce village sur le paradoxe.

Anna, militante embrunaise.

Le département est faiblement peuplé avec 141 000 habitants, soit l’équivalent de deux gros arrondissements marseillais. Il a une des plus faibles densités de France, qui s’explique en partie par son caractère montagneux. Mais, comme en Bretagne où plusieurs manifestations ont eu lieu le 10 septembre pour dénoncer la crise du logement, les Alpes sont frappées par l’explosion des locations de courte durée, la concurrence des résidences secondaires et la spéculation immobilière.

Selon la chambre des notaires des Hautes-Alpes, les prix de vente des maisons neuves ont ainsi augmenté de 18 % entre juin 2021 et juin 2022. L'instance constate une pénurie de logements, tant à la vente qu’en location.

On trouve de plus en plus de locations saisonnières de septembre à juin, (...) loués sur Airbnb l'été. (…) On commence à être de plus en plus nombreux à être concernés par la pénurie de logements, le coût du logement et le phénomène de passoires thermiques.

Anna, militante embrunaise

Ces habitants se retrouvent en concurrence avec de nouveaux venus, notamment retraités ou urbains souhaitant se mettre au vert. Et des touristes. Les Hautes-Alpes comptent près de 50 % de logements liés au tourisme -ce chiffre comprend les locations touristiques et les résidences secondaires- un taux qui peut dépasser les 70 % dans certaines communes. Ce qui réduit d’autant les logements disponibles pour la population locale, qui dispose d’un revenu moyen inférieur de 300 euros par rapport à la moyenne nationale.

Alors construire plus est-ce la solution ? Le gouvernement envisage des aménagements à l’objectif de zéro artificialisation nette du sol, qui demande aux collectivités de diviser par deux leur consommation d'espace d'ici à 2031. Face à la bronca de certains élus locaux, le ministère de la transition écologique a demandé cet été aux préfets de « ne pas imposer dès à présent » cette réduction de moitié de la consommation des espaces naturels.

C'est un peu la solution de facilité. Ça veut dire supprimer des terres agricoles, raser des forêts. Nous on considère qu’il y a largement de quoi faire avec les logements existants.

Anna, militante embrunaise

Les organisateurs du rassemblement demandent notamment la suppression des avantages fiscaux aux résidences de tourisme, ainsi qu’une surtaxe foncière pour les maisons secondaires non louées à l’année. Et ce afin de financer la rénovation thermique de tous les HLM en 5 ans.

Dans un premier temps, (…) faire appliquer la loi Alur quant à la location saisonnière (…) et réfléchir à la régulation de l’acquisition de résidences secondaires.

Anna, militante embrunaise

Ces propositions seront discutées dimanche matin lors d’échanges entre les collectifs alpins en lutte. Samedi matin, aura lieu l’enterrement « dans la joie » du golf, qui était prévu à La Garenne de Crots sur une zone naturelle en partie couverte par une pinède. Après le repas, aura lieu une action surprise avec un peu de marche et en musique. A partir de 17 heures, des débats seront retransmis sur Radio Zinzine. La soirée se déroulera en musique avec un groupe turinois puis le sound system La Goulue. Le reste du programme est à retrouver sur le blog « Le Monde est une île ».