Campagne d’élimination des renards dans les Hautes-Alpes
Une campagne de grande ampleur d’élimination des renards roux est actuellement en cours dans les Hautes-Alpes. La préfecture a en effet autorisé il y a quelques semaines 71 battues administratives contre le canidé sauvage, et ce jusqu’au 31 mars prochain.
Ce sont les dommages infligés aux poulaillers et au petit gibier qui sont reprochés au renard, de la part de certains maires et présidents de sociétés de chasse. Le renard roux est d’ailleurs classé comme « espèce nuisible » dans le département, ou plutôt comme « espèce susceptible de causer des dégâts » selon la nouvelle dénomination officielle. Une classification arrêtée l’année dernière et valable jusqu’en 2022, qui autorise de piéger ou de tuer l’espèce, lors de chasses ou de battues.
De leur côté, la LPO PACA (Ligue pour la Protection des Oiseaux), et la SAPN (Société Alpine de Protection de la Nature), s’insurgent contre cette éradication du renard. Elles rappellent que malgré certains désagréments, le canidé est aussi un allié de l’agriculture. On écoute Alain Girodon, membre du conseil d’administration de la LPO PACA et de LPO France.
Alain Girodon n’a pas souvenir de battues d’une telle ampleur dans les Hautes-Alpes contre le renard. En revanche, il estime à un millier le nombre de renards roux déjà tués chaque année, sans compter les collisions routières.
La LPO et la SAPN soulignent par ailleurs le paradoxe suivant : tuer des renards impliquerait de devoir empoisonner les campagnols pour limiter les dégâts sur les plantations, et donc tuer indirectement davantage de renards.
Les deux associations, qui siègent en commission départementale de la chasse et de la faune sauvage, estiment que la préfecture a autorisé les battues sans justification. En particulier, selon la LPO et la SAPN, aucun constat de dégât et aucun élément témoignant de l’efficacité d’une telle mesure n’ont été fournis.
La préfecture, elle, souligne que les 71 battues ont été autorisées après avis favorable de la fédération de chasse des Hautes-Alpes et du service départemental de l’office français de la biodiversité.
Enfin, la LPO et la SAPN soulignent ce qui ressemble à une anomalie : la préfecture a classé le renard comme « nuisible » sur l’ensemble du département, excepté sur deux communes. On retrouve Alain Girodon.
Les deux associations affirment ne pas avoir reçu de réponse de la préfecture sur le fond de leurs remarques. Précisons que c’est l’ancienne préfète, Cécile Bigot-Dekeyser, qui a signé les arrêtés en question juste avant son départ en février dernier.