Plan Montagne : diversification des éléments de langage, poursuite de la croissance blanche

Après le plan Avenir Montagne annoncé par le gouvernement pour soutenir la diversification et le développement du tourisme quatre saisons en montagne, le président de la Région PACA Renaud Muselier a officialisé à son tour le lancement du plan Montagne de la Région. Une présentation donnée à la station de Super Sauze dans les Alpes de Haute-Provence samedi 18 décembre 2021.

La « diversification » et le tourisme « quatre saisons » étaient sur toutes les lèvres lors du discours des officiels prononcés sur le front de neige fraîchement réaménagé du Super Sauze. « Nous parlons tous le même langage » s’est félicité le maire d’Enchastrayes Albert Olivero. Et François de Canson, vice président à la Région et président du Comité Régional de Tourisme de renchérir : « oui, il faut bouger les lignes », «avoir une offre touristique élargie ».

Mais si les éléments de langage, incontestablement, ont connu une diversification par rapport aux discours tenus avant que la société ne prenne conscience de l’impact du réchauffement climatique sur les perspectives des stations, le plan Montagne prolonge en réalité la politique menée jusqu’à présent plutôt que de proposer une vision nouvelle pour les territoires de montagne.

Premièrement, la diversification proposé par le plan Montagne n’est envisagée qu’à travers un seul prisme, celui du tourisme. Certes, le tourisme est l’une des rares activités à avoir connu une croissance ininterrompue ces dernières décennies, mais la pandémie a mis en exergue la fragilité des économies dont les modèles en dépendent majoritairement -particulièrement quand la clientèle est internationale. Avançant le caractère« conjoncturelle » de la pandémie, la plupart des acteurs du tourisme se refusent à imaginer un tourisme privilégiant une clientèle locale au détriment de touristes étrangers. Les restrictions de circulation avec le Royaume-Uni font pourtant peser une nouvelle fois le doute sur la possibilité de la clientèle internationale à venir consommer dans les stations de sports d’hiver cette saison.

Ensuite, la « résilience » des stations est davantage envisagée par l’addition de nouvelles activités touristiques qui ne dépendent pas de la neige que comme une reconversion planifiée des activités neige vers le « quatre saisons ». C’est donc plus une croissance globale du chiffre d’affaire qui est visée à travers le plan Montagne qu’une démarche de « transition », concept galvaudé lui aussi à force d’être utilisé comme élément de langage. Pour la station de Métabief dans le Jura, desservie par une altitude relativement basse, c’est bien un programme de transition entre une station de ski et une "station quatre saisons" qui a été élaboré à moyen-terme avec un calendrier de reconversion du personnel et des équipements. Ce n’est pas le chemin que semble emprunter la région PACA. « Deux stratégies doivent cohabiter », résumait François de Canson lors de la présentation du plan Montagne. « La fiabilisation de l’exploitation du domaine skiable » et « la diversification touristique », « ces deux stratégies peuvent cohabiter ».

À ce titre, le doublement de l’enveloppe consacrée aux stations - 100M€ pour le dernier mandat et 200M€ pour ce plan Montagne - illustre bien cette double stratégie du développement du « quatre saisons » en parallèle d’une recherche de la « garantie neige » tant que cela sera se justifiera sur le plan économique.

Sans surprise, le président de région Renaud Muselier a d’ailleurs joué la carte de la sérénité au lendemain du rendu de l’étude Climsnow, qui donne une projection climatique pour chaque station des Alpes du Sud.

Pour découvrir la méthodologie et les données fournies par le programme Climsnow, rendez-vous dans le Magazine de la rédaction du 8 décembre 2021, « Climsnow : quel temps fait-il dans nos stations en 2050 ».