Philippe Bailbé, nouveau préfet des Hautes-Alpes : ses priorités pour le département
Depuis le 23 août 2025, Philippe Bailbé occupe officiellement la fonction de préfet des Hautes-Alpes à la succession de Dominique Dufour. Dans un échange accordé à la rédaction de ram05, l’ancien directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur revient sur son parcours et les sujets qu’il compte traiter prioritairement.
ram05 – Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui ?
Philippe Bailbé – J’ai choisi le service public, qui est le service des autres, des territoires et de notre pays. Tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance d’exercer des fonctions très différentes les unes des autres, avec l’envie d’apprendre à chaque étape. Après des études littéraires au Prytanée militaire de La Flèche, j’ai été admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, puis j’ai choisi de servir dans la Gendarmerie nationale. J’ai en parallèle conduit des travaux universitaires et soutenu une thèse de doctorat en droit public. Après plusieurs postes opérationnels en gendarmerie, il m’a été proposé de rejoindre le cabinet du ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, entre 2006 et 2008. J’ai ensuite exercé, durant 16 ans des fonctions de direction générale de grandes collectivités territoriales, avant de servir à nouveau en cabinet ministériel. Mon dernier poste étant celui de directeur de cabinet de François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’Intérieur. C’est d’abord l’école de la République, puis la diversité des responsabilités exercées et enfin cette vision d’ensemble qui m’ont permis d’être aujourd’hui nommé dans un emploi de préfet.
Dans quel esprit abordez-vous ce premier poste de préfet ?
J’aborde ce poste avec l’envie de me mettre au service des Hautes-Alpes, à la fois comme nouvel habitant du département et comme responsable public, au sein d’une équipe très investie. Avec humilité également. Même si mon parcours professionnel est riche et varié, j’exerce un métier très exigeant, complexe par la variété des sujets et l’importance des décisions. Je souhaite être un préfet à l’écoute, comme je l’ai toujours été, mais également être dans l’action. Le rôle d’un préfet est d’être un facilitateur, de rechercher les consensus pour faire aboutir les dossiers. Il a également la responsabilité de protéger les personnes, veiller à la sécurité et au respect des lois. Sur ces sujets, je serai très vigilant.
Comment avez-vous préparé votre venue dans les Hautes-Alpes ?
Ma connexion avec la montagne a toujours été grande. D’abord parce que je suis natif des Pyrénées-Orientales et marié avec une Grenobloise, forcément cette attache s’est encore renforcée. Ensuite, c’est un département que je connais pour y avoir passé plusieurs mois, lors d’un stage au 4eme Régiment de chasseurs, alors que je suivais la formation initiale à Saint-Cyr. Je suis, par ma famille, issu de la ruralité et j’affectionne la proximité et la sincérité des relations qui s’y nouent. J’ai beaucoup de chance de servir dans un département qui correspond autant à mon identité. Vous savez, quand on prend un poste comme celui-ci il y a d’abord de nombreux échanges téléphoniques entre le préfet en poste et son successeur. Dominique Dufour m’a beaucoup sensibilisé sur les dossiers en cours. Par ailleurs les services de la préfecture ont produit un gros travail pour me fournir des notes sur chaque thématique. À présent, c’est sur le terrain que je vais apprendre à connaître chaque dossier, chaque élu, chaque territoire.
Quelles problématiques spécifiques à ce département avez-vous identifié ?
Les dossiers seront nombreux, et je n’en laisserai aucun de côté. Mais il est vrai que certains sujets me mobiliseront très rapidement : la question de l’eau et de la prédation lupine, la situation des agriculteurs de manière générale, le nécessaire désenclavement routier et ferroviaire du département, la sécurité routière, le développement économique ou encore la situation migratoire. Nombre de ces sujets sont en lien avec les enjeux de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 : il s’agit d’une opportunité exceptionnelle pour les Hautes-Alpes de bénéficier d’équipements, d’infrastructures et d’une valorisation mondiale de ses paysages, de ses productions et de ses atouts. Les Jeux de Paris 2024 ont été un formidable succès, ceux des Alpes françaises 2030 le seront également. C’est une occasion à ne pas manquer.
Vous avez indiqué que la sécurité sera votre première priorité. De quelle sécurité parlez-vous ? Quelles mesures comptez-vous adopter dans le cadre de vos fonctions ?
Ma première mission est de protéger, en lien étroit avec l’autorité judiciaire. Je parle, à cet égard, de toutes les sécurités. Les Hautes-Alpes sont un département où il fait bon vivre et je tiens à ce que ça le reste. Pour autant, l’insécurité y est présente : l’insécurité routière a déjà fait douze morts et cent soixante quatorze blessés, les violences intra-familiales sont un fléau inacceptable, dont les femmes et les enfants sont les premières victimes, les trafics de stupéfiants ou encore d’êtres humains financent la criminalité organisée sur tout le territoire. C’est contre toutes ces formes d’insécurités qu’il convient d’agir. Mais ce n’est pas tout : notre département est également soumis à de forts risques naturels, qu’il s’agisse des inondations, des avalanches, des chutes de rochers ou encore de tous les risques liés à la montagne. Protéger impose d’anticiper, de prévenir, de secourir parfois et de soutenir ensuite la reconstruction. Je veux d’ailleurs saluer les policiers et les gendarmes, les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires du SDIS 05 ou encore les secouristes de montagne, les remercier de leur engagement et les assurer de mon soutien.
Concernant le trafic de drogue, quelle est votre position et comment allez-vous la mettre en œuvre ?
L’argent que génère le trafic de drogue est considérable, il finance ensuite toutes les autres activités criminelles et alimente le blanchiment. Mon objectif, avec le concours des forces de l’ordre sur le terrain, est d’agir tant sur les filières d’approvisionnement, sur les points de revente que contre les consommateurs. Nous avons notamment fait des contrôles renforcés dans les épiceries de nuit et certains commerces connus pour être des points de blanchiment d’argent du narcotrafic. De nouvelles actions vont être conduites dans le cadre partenarial du CODAF (tabac, stupéfiants, travail dissimulé, etc). Les consommateurs doivent également comprendre qu’en achetant de la drogue, ils participent de manière active aux trafics et aux crimes qui sont commis en amont et en aval de cette chaîne funeste. Ils seront également poursuivis.