Musiques électroniques : le Spirits Festival risque d’être d’interdit par la mairie de Saint-André-d’Embrun
La troisième édition du Spirits Festival est menacée. L’évènement dédié aux musiques électroniques, organisé au lac de Siguret, pourrait être interdit par la commune de Saint-André-d’Embrun sur la base d’une pétition. L’organisation réfute les arguments avancés et dénonce des « clichés ».
Les organisateurs l’ont appris jeudi dernier : le maire de Saint-André-d’Embrun a l’intention de proposer à son conseil municipal l’interdiction du Spirits Festival. Claude Bachenet l’a confirmé à ram05, citant l’existence d’une pétition d’opposants pour justifier son initiative.
Prévue les 22 et 23 août prochains pour 1 300 spectateurs, la troisième édition du Spirits Festival est censée se dérouler, comme les précédentes, au lac de Siguret. L’évènement dédié aux musiques électroniques est organisé par l’association haut-alpine Darkside Events, qui fête cette année son dixième anniversaire.
Les organisateurs ont reçu la nouvelle avec « beaucoup de déception ». Pour autant, « on n’est pas étonnés car on a déjà eu à faire à d’autres situations similaires », ajoute Maël Graneri, fondateur, directeur et régisseur de la structure.
Après avoir accepté le principe d’une interview, le maire de la commune n’y a finalement pas donné suite, et ne nous a pas non plus transmis la pétition.
Maël Graneri répond aux arguments qu’il a identifié dans le texte en question et qu’il qualifie d’« infondés et injustes ».
Pour eux, c’est une rave party, alors qu’on ne le considère pas comme tel, et on a évidemment droit à tous les clichés qui gravitent autour. Ils citent par exemple 4 000 personnes [présentes] alors qu’on est à 1 500 tout compris. La pollution du lac et la gestion des déchets seraient mal maîtrisées alors qu’on bosse avec la communauté de communes, notamment le SMICTOM, pour tout ce qui est gestion des déchets et que, généralement, on nous dit qu’on rend le lac plus propre que dans l’état dans lequel on l’a trouvé. La consommation de produits illicites et licites nous serait reprochée, des accusations infondées et qui sont dégradantes pour une structure comme la nôtre.
Nous nous battons depuis 10 ans pour, justement, faire sortir les musiques électroniques des clichés qui en sont fait autour. Notre but premier, c’est la démocratisation des musiques électroniques et là, pour le coup, on est en plein cœur du sujet, dans le sens où on bute face à des gens qui désinforment et qui essaient de manipuler l’opinion publique contre nous.
Quant aux nuisances sonores, vue la localisation du site, « 4 ou 5 personnes sont impactées », estime l’organisateur.
Contrairement à une rave party qui ne dispose pas de service de sécurité, de secours ou d’assistance à la personne, le festival est encadré, souligne Maël Graneri.
À la différence des rave parties, les festivals sérieux sont encadrés, organisés, avec tous les services de protection, de secours à la personne. Tout ce qu’il faut pour que les gens puissent participer à un événement culturel dans de bonnes conditions.
Sollicité par ram05, l’ancien maire de Saint-André-d’Embrun, Jean-Marie Melmont, qui a démissionné en 2024, déclare n’avoir « jamais constaté de débordements ni de dégradations » lors des éditions précédentes. L’évènement est par ailleurs soumis à autorisation des services de l’État, rappelle l’association. À ce titre, la préfecture des Hautes-Alpes, questionnée par ram05, assure que, « concernant l’édition 2024 du Spirits Festival, aucun problème majeur sur les plans de la sécurité, des secours ou encore de la protection de l’environnement n’a été relevé. Aucun départ de feu n’a motivé d’intervention du SDIS et aucun problème d’ordre public n’a été rapporté par la Gendarmerie. L’édition 2025 devrait reprendre les grandes lignes de l’édition 2024 puisqu’elle a fait preuve d’une bonne qualité d’organisation ».
Le vote de l’interdiction pourrait intervenir lors du prochain conseil municipal, ce jeudi 27 février, bien que, à cette heure, ce point ne soit pas prévu à l’ordre du jour.
D’ici-là, Darkside Events se mobilise pour « renverser la vapeur ». En effet, si l’interdiction était votée, il faudrait trouver un autre site, ce qui, « pour 2025 […] paraît très compromis », regrette l’association, même si elle explique rechercher « un nouveau lieu […] susceptible d’accueillir les prochaines éditions, principalement aux alentours de la vallée de Serre-Ponçon ».
Pour cet été, « on fera tout pour que ça puisse avoir lieu [au lac de Siguret] », déclare Maël Graneri, qui explique rencontrer des acteurs et élus locaux, et des appuis institutionnels et professionnels.
Pour convaincre les élus en place que non, nous ne sommes pas de vilains méchants qui allons dégrader le lac de Siguret, mais plutôt des jeunes soucieux de faire les choses correctement, de travailler dans dans de bonnes conditions, et de proposer une offre culturelle dans un bon cadre.
Une contre-pétition a également été lancée vendredi par les organisateurs sur la plateforme Change.org pour appeler à les soutenir, elle rassemble à ce jour plus d’un millier de signatures.
Article mis à jour le 25/02/25 à 9h30 avec l’ajout de la réponse de la préfecture des Hautes-Alpes, de la mention de l’ordre du jour du conseil municipal, et de l’annonce de la recherche d’un autre lieu pour les prochaines éditions.