Micro-centrales hydroélectriques : stop ou encore ?
Le torrent du Fournel à l’Argentière-la-Bessée, le Guil dans le Queyras, le torrent des Ayes à Briançon, le Petit Tabuc à Mônetier-les-Bains : la multiplication des projets de micro-centrales hydrauliques ces dernières années dans les Hautes-Alpes alerte de nombreuses associations. Au point que 17 d’entre elles se sont regroupées en début d’année pour former le « collectif haut-alpin pour la protection des torrents et rivières ». On y retrouve entre autres des fédérations de pêche, de canoë-kayak, de randonnée, le syndicat national des guides de kayak, des associations de protection de l’environnement, de gestion locale de canaux… Un groupement d’une taille et d’une diversité assez inédite en Europe selon le collectif.
Dans une lettre adressée en février aux représentants de l’État, aux maires et aux candidats aux élections, le collectif s’inquiète du manque de réflexion globale de l’installation de micro-centrales à l’échelle du département. On écoute Raphaël Thiébaud, président du club de canoë-kayak de Briançon, dont l’activité sur l’emblématique rivière du Guil est menacée.
Le collectif haut-alpin pour la protection des torrents et rivières souligne que les micro-centrales hydrauliques ont de nombreux impacts non négligeables, tant sur les cours d’eau eux-mêmes que sur leurs usages. Jean-Paul Coulomb, de la LPO PACA, en liste quelques-uns.
Des impacts multiples donc, qui ne sont pas correctement évalués par les entreprises selon le collectif. Raphaël Thiébaud explique que les études d’impact menées avant l’implantation de micro-centrales manquent d’objectivité et de transparence.
Difficile d’établir un état des lieux exaustif des aménagements hydrauliques sur les cours d’eau hauts-alpins, le collectif y travaille actuellement. Il estime toutefois que 90 à 95 % du potentiel hydro-électrique des Hautes-Alpes est déjà exploité, et qu’une quinzaine de projets de micro-centrales sont en cours sur le département. Pourtant, ces installations sont-elles réellement justifiées du point de vue énergétique ? Pour Raphaël Thiébaud, l’hydraulique est loin d’être la solution la plus pertinente pour les Hautes-Alpes.
La production d’énergie photovoltaïque, disponible en abondance dans le département est en particulier en hiver, serait plus logique, selon le collectif.
Le groupement d’associations demande à l’État et aux élus de réfléchir sereinement à l’élaboration d’une vraie politique de l’eau à hauteur des enjeux planétaires.