Mercredi 27 novembre, quelques dizaines d'agriculteurs ont Mercredi 27 novembre, quelques dizaines d'agriculteurs ont

Manifestation des agriculteurs : locaux de la SAPN et de l’OFB « emmurés », l’écologie prise pour cible

Lors de la manifestation des agriculteurs du mercredi 27 novembre, à l’initiative de la FDSEA 05 et des Jeunes Agriculteurs, la Société Alpine de Protection de la Nature France Nature Environnement 05 et l’Office Français de la Biodiversité ont été la cible d’actions non-violentes. Salariée, bénévoles et agents et ont été « symboliquement emmurés » à l’aide de murs de parpaings cimentés. Les syndicats assurent que les actions, qu’ils ont officiellement revendiquées, se sont déroulées dans le calme. Côté SAPN-FNE 05, on évoque pourtant des insultes et menaces de mort en marge du cortège officiel de la manifestation.

« Secte Autocrate Prônant la Nuisance ». L’inscription sur les parpaings rue Jean Eymar donne le ton. Dans l’après-midi du 27 novembre, Bernard Patin, administrateur de la SAPN FNE 05 reçoit un appel d’une salariée de l’association.

Elles étaient en train de se faire emmurer par un petit groupe d’agriculteurs qui montait un petit groupe en parpaings. Il n’y a pas eu d’agressions.

L’action est revendiquée officiellement par les Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes. Florian Pellegrin, co-président du syndicat, explique pourquoi cette association est visée.

Systématiquement ils attaquent tous les arrêtés, les autorisations qu’on peut avoir des services de l’Etat. Sur l’eau, la prédation, les retenues… […] Nous on était vachement pacifistes quand on est arrivés pour faire cette action-là, on leur a dit : ça va bien se passer, vous pourrez quand même sortir. Mais le personnel à l’intérieur est de suite monté dans les tours, a été violent avec nous. Après ça s’est bien passé, la police est arrivée. Les forces de l’ordre pourront témoigner qu’on n’était pas du tout dans une d’intimidation agressive.

La salariée de la SAPN-FNE 05 livre une version sensiblement différente. Vers 15h30, des dizaines d’agriculteurs arrivent au compte-goutte devant le local. Elle leur propose de discuter de leurs revendications, assurant qu’ils se trompent de cible et que l’association essaye justement de travailler avec les éleveurs pour trouver des solutions. Essuyant un refus, celle-ci tente de les empêcher de bâtir le mur. « Certaines de nos actions quotidiennes impliquent de sortir du matériel, par exemple une remorque, qui ne passait plus. J’ai simplement essayé de faire en sorte qu’il ne mettent pas leurs parpaings, je suis monté dessus » explique-t-elle. La police lui demande alors de rentrer, garantissant qu’il n’y aurait pas de dégradation du local. Plus tard dans la journée, vers 17 heures, en marge de la manifestation, deux agriculteurs déjà présents pour monter le mur en parpaings repassent rue Jean Eymar et interpellent à nouveau salariée et bénévoles. Cette fois, l’altercation est beaucoup plus virulente, avec « insultes et menaces de mort ». Le co-président des JA 05 indique à ram05 « ne pas être au courant, et qu’une fois le mur bâti, le groupe s’est rendu en préfecture ». Bernard Patin déplore que les associations de France Nature Environnement soient prises pour cible, alors, assure-t-il, qu’elles peuvent avoir des positions communes avec les syndicats sur certains sujets.

Sur les revendications actuelles au niveau national à l’égard du commerce international [ndlr : le MERCOSUR] on est plutôt d’accord. Ce n’est pas quelque chose que le mouvement associatif de France Nature Environnement soutient.

Plusieurs dizaines de panneaux de noms de communes ont été accrochés aux grilles de la préfecture des Hautes-Alpes et les locaux de l’Office Français de la Biodiversité à Micropolis ont connu le même sort que ceux de la SAPN-FNE 05. D’autres actions similaires ont été menées à l’encontre de FNE dans la Manche et dans l’Indre. Dans un communiqué, la Fédération déclare se réserver le droit de porter plainte et demande aux autorités de faire respecter la loi.

Questionné sur les méthodes de revendications employées par les agriculteurs, le préfet des Hautes-Alpes estime qu’il s’agit d’une « expression de colère maîtrisée ».

Préfet : La profession agricole manifeste sa colère et ses revendications sur un certain nombre de sujets. Je pense qu’il n’y a pas eu de troubles à l’ordre public, il y a une expression de colère qui a été maîtrisée et nous avons évidemment veillé à ce que ce soit le cas. […] Il y a depuis le début de l’année de nombreuses revendications, on essaye de les régler une par une. Et comme je dis à mes interlocuteurs à chaque fois que je les vois, il faut que les choses se fassent sans trouble.

Journaliste ram05 : Donc on peut construire un mur en pleine ville devant un local, ce n’est pas un trouble à l’ordre public ?

Préfet : Evidemment, quand on peut s’en passer on s’en passe. Le mur ne restera pas longtemps, les gens ont pu circuler, la vie a continué, je pense qu’il faut doser les choses. Pour l’instant j’estime qu’on a affaire à des gens qui sont raisonnables dans l’expression de leur colère, et si ça continue ainsi c’est tant mieux pour tout le monde.