Little Bighorn - Mont-Dauphin © Didier Plowy CMN

"Little Bighorn", chef d’œuvre du sculpteur Ousmane Sow, a trouvé sa place à Mont-Dauphin

« Monumental », « impressionnant », « grandiose », et surtout « inattendu » : les adjectifs ne manquent pas pour décrire ce que les visiteurs de Mont-Dauphin peuvent désormais découvrir en poussant la porte d’un grenier de caserne militaire. « Little Bighorn », scène de bataille sculptée par Ousmane Sow, y est exposée pour au moins 10 ans.

L’œuvre a trouvé son écrin, l’écrin a trouvé son œuvre. Plus de 20 ans après sa confection, « Little Bighorn », création démesurée du sculpteur Ousmane Sow, s’est installée cette semaine à Mont-Dauphin, au sein des combles de l’aile est de la caserne Rochambeau, tellement vastes qu’elles étaient restées inutilisées jusqu’alors.

Ousmane Sow, décédé en 2016 à l’âge de 81 ans, était un artiste sénégalais, ayant vécu une partie de sa vie en France. Après avoir exercé la kinésithérapie, il s’est consacré pleinement à sa passion, la sculpture. Son travail a été révélé à la fin des années 80, et, en 2013, il est devenu la première personne noire à intégrer l’Académie des beaux-arts. « Little Bighorn », scène monumentale qui représente la dernière victoire amérindienne sur les troupes américaines en 1876, a été présentée au public pour la première fois en 1999 à Paris, sur le Pont des Arts, avant de tourner dans différents lieux et de revenir au Sénégal.

À la mort d’Ousmane Sow, sa famille a souhaité réinstaller en France cette œuvre composée de 11 chevaux et 24 personnages dans diverses postures d’affrontement. C’est Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux, qui suggère le village de Mont-Dauphin, fortifié par Vauban. Béatrice Soulé, épouse de l’artiste, raconte.

Le sol des combles de la caserne Rochambeau a été vidé de la terre qui le recouvrait pour faire apparaître la calade de pierre en-dessous, un cheminement en mélèze a été installé autour des sculptures, qui sont placées sous la charpente en berceau tout récemment restaurée.

De quoi redécouvrir l’œuvre sous un nouveau jour, témoigne Béatrice Soulé.

Pour Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments Nationaux, auquel est rattaché le village fortifié de Mont-Dauphin, cette installation est avant tout la jonction entre deux artisans d’envergure ayant vécu à trois siècles d’écart.

L’œuvre est installée à Mont-Dauphin pour une durée de 10 ans renouvelables. Un atout supplémentaire pour le développement culturel, touristique et économique de ce site touristique, souligne Philippe Bélaval.

L’exposition « Little Bighorn » est visible cet été du mardi au dimanche, quatre déambulations guidées sont organisées chaque après-midi. Les visiteurs pourront y découvrir le message de dignité et de paix que souhaitait véhiculer Ousmane Sow. On termine avec Béatrice Soulé.

Les infos en plus :

  • La bataille de « Little Bighorn » a eu lieu le 25 juin 1876, le long de la rivière Little Bighorn. Les Sioux et les Cheyennes y remportent leur plus importante victoire sur le 7ème régiment de cavalerie du Général Custer, tué durant l'affrontement.
  • Les Amérindiens Sitting Bull, Chief Gall et Moving Robe, seule femme ayant participé à l'assaut, sont représentés.
  • Les sculptures de cette œuvre sont réalisées selon une technique spécifique à Ousmane Sow : structure en fer à béton, paille plastique fondue et modelée, puis toile de jute enduite d'une matière de sa composition.
  • L'acheminement de l’œuvre en France depuis le Sénégal fut un défi technique (de par la taille et la fragilité des sculptures), administratif, et douanier. Elle est arrivée à Mont-Dauphin le 7 mai, après 3 semaines de voyage depuis Dakar, avec l'usage de 3 containers. Le dernier kilomètre a été le plus délicat, à cause des portes fortifiées du village.
  • Les chevaux et personnages ont dû ensuite être restaurés durant le mois de mai, suite aux désagréments subis pendant le voyage, avec des matériaux importés depuis Dakar.
  • Le mois de juin a été consacré à l'installation de l'exposition, des éclairages, du parcours...
  • La place-forte de Mont-Dauphin, jamais attaquée, connaît ainsi sa première bataille.
Little Bighorn © Patrick Domeyne