Les radios associatives en péril à cause de coupes budgétaires prévues en 2025
Dans son projet de budget 2025, le gouvernement prévoit une baisse drastique de l’aide financière aux radios associatives locales. Leurs organisations représentatives dénoncent un « impact direct sur l’emploi » et craignent pour « l’existence même » de ces médias.
Un « coup de guillotine » : c’est ainsi que les syndicats professionnels qualifient la baisse annoncée du budget alloué aux radios associatives par le Ministère de la Culture, via le FSER, le fonds de soutien à l’expression radiophonique. La coupe annoncée est de 30 %, soit 10,4 millions d’euros.
Le FSER existe depuis 1982 et met à disposition des radios associatives des subventions automatiques pour leur installation, leur équipement et leur exploitation, ainsi que, sur dossier, en contrepartie d’actions spécifiques. Il constitue bien souvent un soutien financier important pour ces médias locaux : à titre d’exemple, en 2023, le fonds de soutien représentait 37 % des ressources de ram05, c’est-à-dire 58 500 €.
L’association Les Locales est sur les charbons ardents. Elle a été créée l’année dernière pour défendre d’une seule voix les radios associatives, conjointement par la CNRA, confédération nationale des radios associatives, et le SNRL syndicat national des radios libres.
Jean-Marc Courrèges est co-président des locales, représentant de la CNRA.
Lorsqu’on ampute d’un tiers tiers un budget à des radios associatives qui n’ont pas beaucoup de leviers de financement, et bien en fait c’est, à court ou moyen terme, les condamner à mort. En tout cas il n’y a pas eu de vision économique de la part de Bercy concernant ce choix qui condamne à mort les radios associatives.
Jean-Marc Courrèges
Il existe en France quelque 750 radios associatives qui emploient environ 3 000 salariés et ouvrent leurs antennes à une foule de bénévoles.
Pour protester contre ce « coup de guillotine », l’association Les Locales sera reçue vendredi au ministère de la culture. Jean-Marc Courrèges veut avancer l’argument territorial pour contester la coupe budgétaire.
Le Fonds de soutien à l’expression radiophonique sert au financement des radios associatives qui œuvrent sur les territoires. C’est-à-dire qui travaillent, comme vous le faites vous à RAM05, pour mettre en avant les réussites, les initiatives locales, mettre en avant les acteurs locaux, sans oublier non plus les élus locaux. Je pense que ça devrait quand même un tout petit peu prendre écho au niveau de l’Assemblée Nationale, puisque nous sommes des radios de territoire et très souvent nous sommes les seuls à couvrir médiatiquement, rédactionnellement, des territoires qui ne trouvent pas de parole, qui ne trouvent pas de voix sur d’autres médias, commerciaux notamment. Donc au niveau des radios associatives, il y a plusieurs missions qui sont véritablement menées, des missions de développement du territoire, des missions de lutte contre les discriminations et aussi des missions d’action, d’éducation aux médias et au développement de la culture. Et ça je pense que c’est actuellement essentiel dans une société qui est de plus en plus fractionnée.
Jean-Marc Courrèges
Et comme la meilleure défense, c’est l’attaque, Sylvain Delfau, également co-président des locales et représentant du SNRL, souhaite aller plus loin.
Il est hors de question d’accepter aujourd’hui, presque 40 ans après la loi de 1986, une baisse même minime du FSER. Il faut savoir qu’on fait des économies depuis longtemps, nous les radios associatives : ça fait presque 20 ans qu’en euros constants ça n’a pas évolué, alors que les salaires et les charges ont augmenté, donc nous on sait ce que c’est de faire des économies. Il y a vraiment un vrai deal entre on ne fait pas de pub, on a une mission sur les territoires et derrière, l’État nous verse ce fonds de soutien. Donc il est hors de question d’accepter un centime de diminution, et on demande même qu’il soit renforcé ce fonds de soutien, puisque l’ARCOM à côté autorise de nouvelles radios associatives et que d’année en année il y en a de plus en plus, arce qu’il y a un vrai besoin sur les territoires, l’ARCOM le sait, le ministère le sait aussi tout ça.
Sylvain Delfau
Espérons que ces arguments seront entendus par les pouvoirs publics.
De son côté, le président de ram05 a alerté ce lundi les trois parlementaires hauts-alpins, le sénateur Jean-Michel Arnaud et les députées Marie-José Allemand et Valérie Rossi, pour que, à l’occasion de l’examen du Projet de Loi de Finances 2025, ils « [déposent] ou [soutiennent] des amendements visant à annuler cette réduction ».