La région esquisse son « plan de mobilité Val de Durance » : les usagers du train restent sceptiques
Les nouveaux horaires des TER vont entrer en vigueur le 11 décembre, sans grand changement comme on l’a détaillé ici même. La région PACA engage à partir de l’an prochain un « plan de mobilité Val de Durance ».
Ce plan vise à renforcer l’offre TER pour permettre un cadencement des trains et des cars, et à adopter une tarification harmonisée, c’est-à-dire payer le même tarif sur un trajet identique en train ou en car. « L’étude actuelle de complémentarité car/train va permettre une adaptation de l’offre de cars LER et des départements du 04 et 05 pour permettre une optimisation des liaisons dans le val de Durance », nous fait savoir Jean-Pierre Serrus, le vice-président de la région en charge des transports. De son côté, Nicole Tagand, du collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, défend un tronc commun ferroviaire et l’harmonisation des tarifs. « Si ces promesses ne sont pas des promesses de gascon pour 2023, on ne pourra que se réjouir et applaudir des deux mains. Mais on demande à voir », dit-elle, réservée.
Il faut que la distribution des transports se fasse après un tronc commun qui serait fait en train
Nicole Tagand – CEFV
Pourtant, pas de quoi rassurer les usagers. Stéphane Coppey est le secrétaire de NOS TER PACA et il est très clair. « Tant qu’on laissera la gestion de la ligne des Alpes dans les mains de la Région, on n’y arrivera pas » dit-il. Comprenez : « il faut créer un établissement public ferroviaire avec différentes collectivités et une gouvernance locale ». Une idée qui n’est pas sans rappeler, à plus petite échelle, celle de Railcoop. Une idée qui apparaît aussi dans le travail engagé en 2017 par l’association Mobilités Alpines. Un projet de mobilité inclusive dans les Alpes du Sud qui prendrait pour colonne vertébrale la ligne du val de Durance où viendraient se greffer d’autres modes de transports. Mobilités Alpines a donc rédigé une étude ferroviaire et des propositions d’horaires cohérents. Ce projet repose sur un cadencement des trains à l’heure entre Gap et Briançon, un train toutes les trois heures entre Marseille et Briançon et entre Gap et Grenoble, en correspondance quai à quai à Veynes. Quatre trains quotidiens entre Briançon et Valence et des renforts en week-end de pointe, un TER depuis Sisteron en correspondance avec le train de nuit à Veynes, la réouverture de la ligne Digne-St-Auban avec cadencement à l’heure vers Sisteron et Manosque, prolongement sur Pertuis et Avignon-TGV tout en simplifiant la gamme de tarifs, sans oublier des sillons réservés au fret. On l’aura compris, à terme, ce projet repose sur la centralisation des correspondances à Veynes, une solution également défendue par le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes. « Si tout était calculé sur Veynes, ça améliorerait considérablement les correspondances, précise Nicole Tagand. Veynes, c’est par là que passent tous les trains de toutes les branches de l’étoile ».
Veynes, c’est le bon endroit pour interagir en termes de correspondances
Nicole Tagand, CEFV
Pour le moment, le plan Val de Durance est à l’état d’ébauche. Les études techniques et financières débuteront au premier semestre 2023 et « les orientations seront présentées lors d’un comité de pilotage Val de Durance qui sera organisé d’ici fin 2023 », nous précise la Région. Les usagers vont sans doute encore devoir s’armer de quelques années de patience pour entrevoir une évolution notable de la desserte ferroviaire des Alpes du Sud. D’ici 2032, 177 millions d’euros, sans compter la modernisation de la signalisation qui est en cours de chiffrage, devraient être investis sur les lignes de l’étoile de Veynes.