Inhumation ou crémation, les choix funéraires des Haut-Alpins
Actuellement, deux modes de funérailles existent en France : d’une part la traditionnelle inhumation au cimetière, d’autre part la crémation. Cette dernière est autorisée depuis la loi du 15 novembre 1887, mais c’est seulement au 21ème siècle qu’elle s’est développée. Le taux de crémation, c’est-à-dire la proportion de cette pratique dans l’ensemble des obsèques, n’était que de 1 % en 1980. Il est passé à 30 % en 2010, puis 42 % en 2022. Il devrait atteindre 50 % en 2050.
La France métropolitaine compte 216 crématoriums, dont celui de Gap, opérationnel depuis 2011. Sa gestion fait l’objet d’une délégation de service public, confiée à la société OGF depuis mai 2023 pour une durée de 8 ans. Nicolas Simond est le directeur du site.
Pour le crématorium de Gap, on couvre tout le 05, et le nord du 04 avec Barcelonnette et jusqu’à Sisteron. Il y aussi une société de pompes funèbres de La Mure qui fait appel à nos services. Les crématoriums les plus proches sont à Grenoble et Manosque. En 2023, le crématoriium de Gap a effectué 958 crémations, en 2024 on devrait dépasser le millier, ce qui représente un taux de crémation sur le secteur de 53%.
Ce chiffre, supérieur à la moyenne nationale, s’explique par la sociologie de la zone géographique.
On a des familles qui sont dispersées un peu partout en France, il n’est pas évident d’entretenir une concession dans un cimetière.
C’est aussi l’avis de Christophe Silve. Il a géré pendant une trentaine d’années l’entreprise familiale de pompes funèbres créée à Embrun en 1954, et tout récemment cédée à la société OGF. Selon lui, l’Embrunais compte beaucoup de retraités, venus du nord de la France et de la région parisienne. En cas de décès, la crémation à Gap évite de rapatrier un cercueil dans la désormais lointaine concession familiale du cimetière de la région d’origine.
Voyons maintenant l’aspect financier. On retrouve Nicolas Simond.
Pour le crématorium de Gap, le tarif est de 605 euros, ce qui comprend la crémation et la mise à disposition de la salle de recueillement avec un maître de cérémonie. Ça ne comprend pas les fournitures funéraires, puisque les familles doivent pour cela passer par une entreprise de pompes funèbres. Une fois les obsèques organisés, l’entreprise nous contacte pour réserver un horaire de crémation. On ne traite pas directement avec les familles.
Au final, selon Christophe Silve, le coût moyen des obsèques est de 3000 à 3500 euros, un montant sensiblement équivalent entre crémation et inhumation. Pour ne pas faire peser ce coût sur la famille, mais aussi pour mettre au clair ante mortem ses choix en matière de funérailles, la formule du capital-obsèques se développe. Selon l’ancien gérant des pompes funèbres d’Embrun, elle concerne environ un quart des quelque 200 obsèques traités par l’entreprise.
Troisième et dernier volet de ce dossier, l’impact environnemental. On reproche à l’inhumation une forte emprise dans l’espace urbain, un risque de pollution des sols, et l’emprunte carbone de la marbrerie funéraire, souvent importée de Chine. Rien de tel avec la crémation, mais là, c’est la consommation énergétique qui est pointée du doigt. En la matière, le crématorium de Gap fait des efforts.
Les appareils de crémation fonctionnent avec du gaz et de l’électricité. On est quand même sur une approche responsable, on essaie d’optimiser ces consommations. on a aussi un aspect de rejet atmosphérique. Depuis 2017, les crématoriums sont équipés de filtres à particules fines.
Face aux bilans sanitaires et environnementaux de l’inhumation et de la crémation, une troisième voix se dessine : le compostage humain. Cette pratique, appelée aussi humusation ou terramation, est pour le moment interdite en France.
Elle est en revanche autorisée outre-atlantique. Aux Etats-Unis, l’état de Washington l’a légalisée en 2019, suivi depuis par le Colorado, l’Oregon, le Vermont, la Californie et l’état de New York.
L’humusation en site naturel permet certes de réduire l’emprunte écologique, mais elle demande de la place, du savoir-faire pour maîtriser l’évolution du compost, de la manutention, et beaucoup de temps, comme l’indique cet extrait d’un article du journal « Le Monde ».
« Concrètement, le corps du défunt est enveloppé dans un linceul biodégradable, puis recouvert d’une couche de broyat (matière sèche), laissant les micro-organismes faire leur travail. Des « humusateurs » (sorte d’employés des pompes funèbres) interviennent trois à quatre mois plus tard pour broyer les matières solides, soit les os et les dents. Douze mois plus tard, le compost est rendu à la famille. »
Aux Etats-Unis, le procédé utilisé est beaucoup plus rapide et high-tech. indique le quotidien : « Le corps est placé dans un cylindre en acier ventilé par de l’oxygène, dont la température est surveillée par des capteurs, ce qui permet d’obtenir le compost dans un délai record d’un mois. »
Quelques liens pour en savoir plus sur le sujet :