Honoré Romane, résistant, déporté et proviseur : à Embrun, des étudiants racontent
Les élèves du BTS tourisme préparent une exposition sur l’homme engagé ayant donné son nom à la cité scolaire. Elle sera à voir à partir de ce weekend.
Après un an de travail mené par une trentaine d’étudiants encadrés par trois professeurs, le BTS tourisme d’Embrun s’apprête à « rendre hommage à Honoré Romane », qui fut résistant et déporté durant la Seconde guerre mondiale, puis proviseur du lycée embrunais. Objectif : faire connaître aux élèves la vie et les engagements de celui qui a donné son nom à leur cité scolaire, et travailler sur le « tourisme de mémoire » dans le cadre des 80 ans de la libération des camps d’extermination.
Une étape marquante de ce projet a été un voyage à Cracovie et une visite d’Auschwitz au printemps dernier, monté et financé par les étudiants. Angèle Chaugnard, élève en deuxième année au BTS tourisme, raconte la suite.
Quand on est rentré de Cracovie, on a été mis en groupe et on a travaillé sur plusieurs facettes de l’exposition : Honoré Romane l’homme, le proviseur, le déporté, et le résistant. On a fait des recherches ; on se rend compte qu’il n’y a pas beaucoup d’informations sur internet, du coup Sabine Romane, sa fille, est venue dans l’établissement pour nous expliquer la vie de son papa, ce qui a été très enrichissant. Ensuite, certains ont été missionnés pour les affiches, pour les dates, ce qu’on pourrait mettre en place pour faire une visite pour les collégiens, pour les lycéens qui sont ici aussi.
Angèle Chaugnard
Pendant la guerre, Honoré Romane dirige notamment le centre de résistance Bayard, près de la frontière espagnole, où il fabrique de faux papiers et aide de jeunes hommes à fuir à l’étranger. Il est ensuite déporté à Buchenwald, dont il revient vivant. Lors d’un stage en Allemagne, un élève du BTS a pu justement rencontrer les conservateurs du musée de Buchenwald pour alimenter les recherches en vue de l’exposition.
Oriane Joubert, également étudiante de deuxième année, a travaillé sur l’Honoré Romane proviseur, de 1951 à 1966.
J’ai pu voir les relations qu’il avait tissées avec ses élèves, ses engagements et aussi le fait qu’il était très proche de son établissement et qu’il était très engagé auprès de ses classes. Ce qui m’a vraiment touché c’est le fait que, vraiment, il tenait à ce que tous les élèves soient inclus : certains de ses élèves, qui n’avaient pas forcément les moyens de fêter Noël ou qui étaient orphelins, il les invitait chez lui et il passait Noël avec eux. Et même, sa femme leur offrait des cadeaux à Noël quand ils étaient seuls. Ça, ça m’a vraiment touchée.
Honoré Romane
La cité scolaire d’Embrun a été baptisée « Honoré Romane » en 1988, du vivant de ce dernier.
L’exposition élaborée par les élèves comptera 10 panneaux, sur les différentes facettes de cette figure embrunaise ainsi que sur la Seconde guerre mondiale. Pour Cécile Harny et Claire Arnoux, enseignantes et coordinatrices du BTS tourisme, ce travail a eu de réelles vertus pédagogiques.
On est sur un projet concret, c’est doublement intéressant. Plutôt que d’être dans une salle de cours avec un livre et leur donner des exercices, on va voir l’aboutissement de ce projet. C’est un projet à long terme. On les a suivis durant les ateliers professionnels, et ensuite, madame Arnoux et moi, on a œuvré tout l’été pour finaliser cette exposition. C’était une expérience très très riche.
Cécile Harny
On est fier de ce que ça a apporté pour les jeunes puisqu’ils peuvent mettre en apprentissage concret la partie événementielle, la partie tourisme de mémoire, la partie recherche. Ce sont aussi vraiment aussi des valeurs humaines qu’on a voulu faire partager, notamment en montrant que toute cette barbarie qui avait eu lieu à l’époque, malheureusement, on en a trop d’échos aujourd’hui qui se répètent. Il était important pour nous de faire passer ce message.
Claire Arnoux
L’exposition « Sur les pas d’Honoré Romane, un voyage contre l’oubli » sera à voir au lycée Honoré Romane samedi 20 et dimanche 21 septembre de 10h à 17h, dans le cadre des journées du patrimoine, en entrée libre et gratuite. Elle sera ensuite installée à la Maison des Chanonges à partir du 26 septembre et pour quelques semaines.