Henry Masson, président de la CIMADE © FPF-C.SIMON

Exil : le président de la CIMADE a rencontré le président des Hautes-Alpes et les services de l'Etat

Le président de la CIMADE – le Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués – rencontrait mercredi 7 décembre le président du département et les services de l’État dans les Hautes-Alpes. En 2021, déjà, des parlementaires s’étaient rendus à la frontière franco-italienne dans le cadre d’une commission d’enquête sur les migrations. Le rapport faisait état de plusieurs constats accablants. Entre autres : le refoulement systématique vers l’Italie de personnes souhaitant déposer des demandes d’asile, le refoulement de mineurs isolés « en contradiction avec la convention internationale des droits de l’enfant et le cadre législatif national », ou encore des intimidations envers les maraudeurs rapportées par les associations locales.

Hier, c’était au tour d’Henry Masson, président de la CIMADE, de venir constater sur place les conditions dans lesquelles les personnes exilées franchissent la frontière et le respect - ou non - de leurs droits. Mercredi 7 décembre, Henry Masson rencontrait Jean-Marie Bernard, président des Hautes-Alpes, et Cédric Verline, le secrétaire général de la préfecture.

Créée en 1939, la CIMADE a d’abord aidé les populations évacuées d’Alsace et de Lorraine. À partir de novembre 1942, alors que les forces allemandes franchissent la ligne de démarcation, le Comité de La Cimade ne peut plus se réunir et l’association réoriente son action, passant de la solidarité à la résistance. Dans les années 50, l’association œuvre dans les quartiers populaires des grandes villes pour répondre aux besoins des immigrés qui arrivent en nombre : enseignement du français, loisirs et activités pour favoriser « l’insertion dans la société d’accueil ».

Enfin dans les années 2000, l’Union Européenne entre dans une logique de contrôle des frontières et de coopération avec les pays de départ pour qu’ils endossent un rôle de garde-frontière, à l’instar de la Lybie. Aujourd’hui, la frontière est devenu un « sujet fort » pour la CIMADE. Elle apporte expertise juridique, écoute et soutien aux personnes exilées et documente les conditions de détention dans les lieux d’enfermement.

Des missions très proches de celles des associations locales, avec qui Henry Masson a échangé mardi 6 décembre et dont il salue l’engagement.

Le président de la CIMADE dit avoir été frappé par le nombre de véhicules et de personnes des forces de l’ordre à la frontière. En se basant sur des chiffres fournis par la commission d’enquête pour la ville de Calais, le média en ligne Basta ! a estimé que le « coût annuel du déploiement des forces mobiles à la frontière franco-italienne avoisinerait les 188 millions d’euros ». Pas loin de 20 % du PIB des Hautes-Alpes. De quoi questionner du bon usage de ces fonds, pour Henry Masson.

Cette rencontre intervient alors même qu’un débat sans vote sur l’immigration se tenait mardi 6 décembre à l’Assemblée nationale, en amont du projet de loi prévu début 2023. Selon Matignon il s’agirait d’« éloigner ceux qui doivent l’être et de mieux intégrer ceux qui ont vocation à rester sur le territoire ».

Un objectif forcément vain, assure Henry Masson, qui au cours de son passage dans les Hautes-Alpes a fait une analogie entre cette militarisation de la frontière et la ligne Maginot. Cette ligne devenue synonyme aujourd’hui de défense que l’on croyait infranchissable, mais qui s’est révélée être parfaitement inefficace.