Entre Veynes et Chorges, une « action de désobéissance » pour dénoncer la politique régionale des transports
Samedi 27 mai, usagers du train et élus locaux participeront à une action de « désobéissance » selon les organisateurs, qualifiée « d’appel à la fraude massive » par la Région Provence-Alpes-Côtes-d’Azur. Si les annonces de fermetures de guichets en gare sur la ligne des Alpes sont l’élément déclencheur de la colère qui s’exprime, les motivations de cette mobilisation sont bien plus larges.
Le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes appelle les défenseurs du train à emprunter sans billet celui au départ de Veynes samedi 27 mai à 12h27. Ou plus exactement « avec pour seul titre de transport [un] billet de lutte » symbolique mis à disposition par les organisateurs. L’objectif, effectuer un trajet symbolique entre Veynes et Chorges mettant en scène une rencontre entre les deux maires, Christian Gillardo et Christian Durand.
On ne veut pas, et on ne va pas payer notre billet.
Christian Gillardo, maire de Veynes, et Christian Durand, maire de Chorges
Veynes fait partie des communes dont les gares verront leur guichet fermer dans les semaines qui viennent. À Chorges, le guichet restera ouvert mais seulement deux heures par jour, selon le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes. Ces fermetures alimentent un sentiment d’abandon de la Région, déjà bien présent avant qu’elles aient été annoncées, comme l’illustrent les propos de Christian Gillardo.
La goutte qui a fait déborder le vase c’est la fermeture de notre unique guichet. Une gare sans train, sans correspondance, avec des prix qui explosent et puis maintenant la fermeture du guichet, c’est vraiment insupportable. Insupportable
Christian Gillardo, maire de Veynes
Le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes pointe lui les nouveaux tarifs, en particulier la suppression des cartes ZOU 50 et 75. Avec 75 % de réduction, il était auparavant possible d’effectuer un aller simple Veynes-Marseille pour 16€ contre 51€ aujourd’hui avec la carte Zou Malin. Pour une réduction de 50 %, il faut désormais justifier d’un quotient familial inférieur à 700€, soit percevoir un revenu mensuel de 700€ pour une personne célibataire et sans enfant à charge. Des conditions d’accès si restrictives qu’elles ne concernent personne qui puisse se permettre d’emprunter le train, même avec 50 % de réduction, estime Nicole Tagand, du collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes.
Cette augmentation des tarifs est carrément une privation des droits de mobilité pour la plupart des gens. […] Celui qui « richement » gagne 800€ par mois doit payer plein-tarif. Quand on sait qu’un aller-retour Briançon-Marseille est à plus de 100€… qui peut se permettre une telle dépense ? C’est une privation des droits de mobilité.
Nicole Tagand, collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes
Des revendications, Christian Gillardo en a tout un wagon. En priorité, maintien du guichet ; ensuite, une tarification incitative encourageant le report de la voiture et du bus vers le train « pour moins polluer » ; enfin, permettre aux habitants de Veynes d’accéder à Gap à des horaires de travail, par exemple en ouvrant la possibilité d’emprunter le train de nuit sur cette portion.
À Chorges l’impossibilité de bénéficier du train de nuit est également pointée du doigt par le maire, mais le problème se pose différemment.
Actuellement, le train de nuit ne s’arrête pas en gare de Chorges pendant les vacances scolaires et certains weekend à cause de la longueur. Alors qu’avec des billets pris en réservation on peut très bien prévoir les voyageurs qui s’arrêtent ou prennent le train à Chorges sur les wagons qui sont face au quai.
Christian Durand, maire de Chorges
Au-delà de la mobilité au quotidien, le train pourrait aussi jouer un rôle de courroi de transmission entre activité touristique et transition écologique dans des bassins de vie comme celui de Chorges, estime Christian Durand.
On est aux environs de 2700 à 3000 lits de centres de vacances. Je pense qu’il est important que cette gare reste opérationnelle dans l’avenir pour les personnes qui viennent en train chez nous. On est bien là dans la transition écologique, les économies d’énergie et la mobilité douce.
Christian Durand, maire de Chorges
Contactée par ram05, la Région indique dans une réponse envoyée aux médias locaux que « L’offre a […] été améliorée en janvier 2023 avec un train supplémentaire au départ de Briançon pour une arrivée à Gap autour de 8 heures. » Une réponse qui dénonce par ailleurs un « appel à la fraude massive » mais n’évoque ni la suppression et les réductions d’horaires d’ouverture des guichets, ni la nouvelle grille tarifaire.
Pour Christian Gillardo, l’absence de réponse aux revendications adressées à la Région et la politique régionale des transports en vigueur depuis la rentrée seraient le signe d’une déconsidération des territoires ruraux. Pour appuyer son propos il relate un échange
J’ai reçu récemment les deux nouvelles directrices SNCF de la Région. […] Et ces deux directrices à la fin, quand même, je leur demande : « comment vous vous êtes déplacées pour venir à Veynes ? » Les deux directrices de la SNCF sont venues en voiture. C’est vraiment incroyable. Eh bien oui, il n’y a pas de train pour venir à Veynes.
Christian Gillardo, maire de Veynes