AlpSatellites, un projet européen pour attirer les télétravailleurs en milieu rural et montagnard
Attirer de nouveaux résidents dans les zones rurales et de montagne grâce au télétravail et au coworking, c’est l’objectif d’AlpSatellites, un programme co-financé par l’Union Européenne. Trois territoires de trois pays y participent, dont le Briançonnais, les Ecrins et le Guillestrois-Queyras pour la France. Le 22 septembre dernier, les participants à ce programme ont franchi une étape importante.
Après une première phase de coordination pour définir les modalités de travail entre les universités et les collectivités, les nombreux participants* ont établi un état des lieux de la pratique du télétravail dans le Grand Briançonnais, et des conditions dans lesquelles il s’exerce. C’est ce qu’explique Claude Descombes pour le collectif Queyravenir.
L’ACSSQ, Queyravenir, ont organisé des rencontres dans chacune des Communautés de communes, dans lesquelles sont venus des télétravailleurs, des entreprises, des élus, pour qu’ils nous donnent leur perception du travail nomade.
Claude Descombes, collectif Queyravenir
Ce diagnostic s’appuie en partie sur les témoignages de 300 personnes, essentiellement télétravailleurs, mais le groupe de travail ne dispose cependant d’aucune statistique sur leur nombre exact. Mais Claude Descombes n’en doute pas « le télétravail dans le département est déjà une réalité »
Pour nous ça a été un des constats, il y a déjà des télétravailleurs qui viennent s’installer. Mais maintenant il faut passer à l’étape supérieure.
Claude Descombes, collectif Queyravenir
Passer à la vitesse supérieure, car Queyravenir voient les futurs télétravailleurs comme une manne de résidents permanents à installer dans le Grand Briançonnais. Avec à la clé selon lui, un cercle vertueux : de l’emploi en télétravail, donc de nouvelles installations, donc de nouveaux services et de nouveaux commerces, donc de nouveaux emplois.
Dans un rapport d’information du sénat d’octobre 2021 sur « l’avenir du télétravail », les rapporteurs concluaient que les télétravailleurs, en l’état, risquaient pourtant de bouder les espaces « ruraux et enclavés » au profit « des villes moyennes déjà dotées d’un bon niveau de service, éducatif, de santé, culturel, et disposant d’infrastructures de transports bien connectées pour pouvoir se déplacer pour des besoins professionnels. Les villes moyennes dotées d’une gare de TGV à une ou deux heures de Paris sont mieux armées que les espaces ruraux pour accueillir les nouveaux télétravailleurs. »
Partant de ce constat, comment parvenir à attirer les télétravailleurs ? « Valoriser nos atouts, d’environnement, de cadre de vie » répond Claude Descombes. Sauf que l’accélération que Queyravenir appelle de ses vœux se heurte encore à quelques obstacles, identifiés dans le diagnostic : difficultés pour trouver un logement, pour rejoindre facilement et rapidement une métropole pour les télétravailleurs à cheval sur deux lieux de travail. Connectivité trop fragile, manque d’espaces de coworking, offre de services et de commerces trop réduite. Des conclusions finalement très proches de celles tirées par le rapport des sénateurs.
Pour lever ces freins à l’installation, les personnes réunies le 22 septembre dernier ont dégagé des axes de travail, dont trois principaux : avoir une stratégie du logement, améliorer les transports, notamment vers l’extérieur du département et développer une communication tournée vers les télétravailleurs.
En pleine du logement, l’importation de télétravailleurs ne risque-t-elle pas d’engendrer un phénomène de gentrification ? « Ce n’est pas le but » répond Claude Descombes. Des travaux du POPSU – Plateforme d’Observation des Projets et Stratégies Urbaines – qui visaient notamment à mieux cerner les profils sociologiques et les comportements des télétravailleurs ont montré que si « les profils de cadres supérieurs et professionnels ont été parmi les plus fortement médiatisés [lors de la pandémie de Covid 19] ils sont loin de concerner la majorité des cas dans les territoires d’étude. »
* PETR Briançonnais, Ecrins, Guillestrois-Queyras, Comcom du Pays des Ecrins et du Guillestrois-Queyras, Office de tourisme du Pays des Ecrins, UPE 05, Parc Naturel Régional du Queyras, Queyravenir