Alerte sur l’aide alimentaire aux plus démunis : les associations à la peine après la baisse de la subvention de l’État
Le 16 septembre dernier, les associations distribuant de l’aide alimentaire ont appris la baisse drastique de la subvention de l’État, qui passe, pour l’ensemble des Hautes-Alpes, de 106 000 euros en 2024 à 54 000 euros en 2025. Depuis, les associations ont reçu les arrêtés confirmant les montants qu’elles se verront attribuer en 2025.
Alain Chaplet est le responsable départemental de la Croix Rouge.
Au titre des subventions alimentaires, on a eu 24 000 euros, à répartir entre les quatre unités locales du département. Pour 2025, on va descendre à 10 700 euros, avec deux parties, une enveloppe socle de 5 200 euros et une enveloppe non reconductible (c’est le terme utilisé dans l’arrêté) de 5 500 euros. On ne sait pas si ces crédits seront présents l’année prochaine. Sur un budget alimentaire de 75 000 euros en 2024, la part de l’État a été d’environ un tiers ; en 2025, sur un budget d’aide alimentaire de 55 000 euros, la part de l’État va descendre en dessous de 20%. Se pose la question du maintien de l’aide alimentaire et de la possibilité de durcir les critères pour y accéder, dans la mesure où on ne sera pas en capacité de faire face aux besoins puisque le nombre de bénéficiaires augmente.
Alain Chaplet – Croix Rouge
Gérard Hanus est lui responsable de l’épicerie solidaire de Laragne. Le fonctionnement est différent, mais la problématique est la même.
Pour 2025, on a reçu l’arrêté indiquant une enveloppe totale de l’Etat de 1 600 euros, avec moitié de crédits socle, 800 euros, et moitié de crédits exceptionnellement reconductibles, 800 euros. Donc c’est la moitié de ce qu’on a eu l’an passé, 3 200 euros. En face de ça, nos besoins sont stables, ils ne baissent pas : 90 foyers, 210 personnes, dont la moitié de familles monoparentales et de retraités à petits revenus, qui vivent seuls et qui ont entre 5 et 10 euros de reste à vivre. Si je fais le calcul de l’enveloppe de l’Etat de 1 600 euros, divisés par le nombre de personnes, ça fait 7 euros par personne et par an, pour contribuer à l’achat du budget de l’aide alimentaire de l’épicerie.
Gérard Hanus – Epicerie solidaire Laragne
Non seulement, la subvention de l’État est divisée par deux, mais elle n’a toujours pas été versée, alors qu’elle était attendue en avril.
Le Département en revanche maintient son financement Soliagri à hauteur de 100 000 euros, à répartir entre les différentes associations d’aide alimentaire des Hautes-Alpes.
Les associations bataillent donc pour boucler leur budget d’aide alimentaire et satisfaire au mieux leurs bénéficiaires. Et pourtant, ce volet alimentaire, préoccupant et chronophage, ne représente qu’une partie de leurs activités et de leurs missions, rappelle Yves Schaeffer, président du Secours Populaire 05.
Les associations ont un rôle sociétal. La démocratie associative est un élément essentiel de la démocratie globale. S’attaquer aux associations, c’est s’attaquer à la démocratie. Le contexte, c’est la réduction des subventions, notamment sur la solidarité alimentaire, c’est la multiplication du système d’appel à projets, c’est qualifier les associations « d’assistancielles », on nous accuse de faire de l’assistanat alors qu’on fait de la solidarité, c’est multiplier les contraintes administratives. Donc il y a un ensemble de menaces qui pèsent sur les associations et qui nous concernent en tant qu’association d’éducation populaire.
Yves Schaeffer – Secours Populaire
Même témoignage de la part d’Alain Chaplet et Dominique Froehring pour la Croix Rouge.
L’aide alimentaire doit être une aide d’urgence. Au maximum elle doit durer deux ans, mais on a des personnes qui sont aidées depuis dix ou douze ans. Cette aide qui se situe dans la durée n’est pas notre fonction première. La solidarité alimentaire n’est que la partie visible de l’iceberg. Derrière on a l’aide à l’hébergement, l’accompagnement sur les droits sociaux. On devrait avoir la possibilité de permettre aux gens de repartir, avec une action solidaire. Aujourd’hui, on passe une grande partie de notre temps sur l’aide alimentaire, ce qui ne nous permet pas, ou plus difficilement, de travailler sur les autres aspects de la solidarité. On est en train de rogner sur les billets de train, la carte Zou, les photos d’identité, les timbres fiscaux etc. Tout ça, c’est une part qui diminue dans notre budget pour faire face à l’augmentation des denrées. On est focalisé sur l’aide alimentaire qui nous demande une énergie et un temps de plus en plus important, avec le sentiment de suppléer aux missions de l’État.
Alain Chaplet et Dominique Froehring – Croix Rouge
Une délégation de la Conférence Permanente Associative des Solidarités, qui rassemble les principales associations de solidarité présentes dans les Hautes-Alpes, rencontrera le préfet ce lundi 20 octobre pour lui exposer le fonctionnement et les enjeux de l’aide alimentaire dans le département, et bien sûr pour tenter d’obtenir une augmentation de la subvention d’État.