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Trains et routes : ce que permettront de réaliser les Jeux d’hiver de 2030 dans les Alpes françaises

C’est l’argument massue en faveur de l’accueil des Jeux olympiques d’hiver dans les Alpes françaises : l’événement international doit léguer un « héritage » routier et ferroviaire pérenne à même de « désenclaver » les Hautes-Alpes. Quatre ans avant le coup d’envoi de l’événement, quels projets sont confirmés ou envisagés ? Tour de piste avec les acteurs concernés.

Le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes aime rappeler qu’à l’ouverture de la portion Grenoble-Veynes en 1878, le train desservait quatorze gares en deux heures. Près de 150 ans plus tard, il en dessert moitié moins en trente minutes de plus. Que s’est-il passé entre les deux ? Un manque d’entretien lié à un « sous-investissement chronique » regrette-t-il en renvoyant aux conclusions du rapport Philizot sur les « petites lignes » de 2021.

Trains : un réseau ferroviaire rénové

Pour réduire le temps de parcours des trains, trois axes sont possibles : moderniser les trains, moderniser les voies, créer ou rouvrir des points de croisement, résume Nicole Tagand, du collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes. Sur les deux derniers points, les JO 2030 permettront des améliorations, confirme SNCF Réseau à ram05, avec 342 millions d’euros budgétés pour le rail.

« Une part importante […] va être affectée à des travaux de voie (ndlr : voir carte ci-dessous). Une autre part de l’investissement engagé aura également pour fin d’améliorer l’accessibilité des gares entre Gap et Briançon, dont la création d’un pôle d’échange multimodal à Briançon, détaille SNCF Réseau à ram05. Les travaux comprendront essentiellement de la régénération de voie, d’ouvrages d’art (50) et d’ouvrages en terre (40), et de tunnels (8) ». La modernisation de la signalisation est également au programme. Les travaux se dérouleront de 2027 à décembre 2029.

De nouveaux points de croisement pérennes confirmés

Les points de croisements permettent aux trains de se croiser sur les lignes à une voie. Plus ils sont nombreux, plus le nombre de trains en circulation et donc leur fréquence de passage peuvent être importants. Le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes craignait que ces aménagements annoncés ne soient effectifs que le temps des jeux grâce à des embauches temporaires pour assurer manuellement les croisements. SNCF Réseau a confirmé à ram05 que « les aménagements qui vont être réalisés pour la réouverture des points de croisement sont pérennes et ont vocation à demeurer après les JOP ». Leur nombre et leur localisation restent inconnus à ce jour car les modalités techniques de réouverture sont encore à l’étude par SNCF Réseau.

Deux Marseille-Briançon quotidiens supplémentaires

En vue de 2030, l’offre de trains Marseille-Briançon doit être renforcée avec l’ajout de deux nouveaux allers-retours plus rapides. « Pour réduire efficacement le temps de parcours de ces nouveaux services, plusieurs possibilités sont à l’étude, dont la réduction du nombre d’arrêts sur le parcours. Il y aura des arrêts intermédiaires dont le nombre précis est en cours d’analyse. Ces arrêts seront bien évidemment positionnés parmi les points de correspondance et les gares les plus fréquentés » explique SNCF Réseau. Là-aussi, la société confirme à ram05 le caractère pérenne de cette mesure et indique que « l’objectif est de renforcer les liaisons entre les villes alpines et les métropoles tout en proposant une alternative ferroviaire efficace à la voiture afin de contribuer à la décarbonation des transports ».

Routes nationales : deux axes de travail

Sur les routes nationales, la DIRMED prévoit des « travaux de résilience du réseau » tels que la protection contre chutes de blocs et les glissements de terrain à hauteur de 15 millions d’euros entre Gap et Briançon. Sur cette même zone, environ 10 millions d’euros seront investis dans la sécurité et le réaménagement de carrefours. Enfin, entre Briançon et Montgenèvre, environ 30 millions seront répartis à parts égales entre résilience du réseau et réhabilitation du patrimoine : rénovation d’un pont, dispositifs de retenus.

100 millions d’euros consacrés à la voirie départementale

Les travaux à venir sur le réseau départemental étaient en bonne partie déjà programmés avant l’attribution des jeux aux Alpes françaises. Mais l’enveloppe olympique permet d’alléger la facture pour la collectivité via des cofinancements. De quoi contenter le président du département des Hautes-Alpes Jean-Marie Bernard.

Ce programme, au moins pour les 100 millions consacrés à la voirie départementale, me satisfait dans la mesure où cela correspond à des cofinancements de travaux que nous allions être dans l’obligation de réaliser. La seule différence, c’est que ce financement olympique va nous permettre de les faire plus rapidement.

Jean-Marie Bernard, président des Hautes-Alpes

Une bonne partie de l’enveloppe portera sur la D1091 qui relie Briançon et Grenoble. « Une route avec des risques naturels importants » explique Jean-Marie Bernard, entre chutes de blocs et glissement de terrain. La galerie de la Marionnaise représente à elle seule 25 millions d’euros, cofinancés à moitié par l’État et la Région pour la première tranche. Sur le même itinéraire, des ouvrages d’art vont être reconstruits ou élargis, tandis que 15 millions d’euros seront consacrés à un dispositif de prévention des chutes de blocs dans la combe de Malaval. Enfin le département prévoit une remise en état générale de la chaussée, notamment dans la descente du col de Lautaret côté Villar d’Arène, pour trois à quatre millions d’euros. En somme, de l’entretien et de la sécurisation mais pas d’élargissements car « dès lors que l’on sécurise l’itinéraire, on est capable de gérer les flux de voitures dans la configuration actuelle » indique Jean-Marie Bernard.

En revanche, la RD 942 qui relie la sortie de La Saulce à la N94 en passant par la vallée de l’Avance, va faire l’objet d’aménagements sur toute sa longueur.

La chaussée est étroite, il n’y a pas d’accotements, elle ne permet aucune erreur de conduite car vous êtes vite dans le fossé. On veut la mettre au gabarit d’une route moderne sur l’ensemble de l’itinéraire, travailler également les carrefours. On va essayer de faire un ou deux créneaux de dépassement pour faciliter le dépassement des véhicules lents quand on sort de l’autoroute et qu’on traverse Tallard et Lettret. On envisage de créer un créneau de dépassement dans le sens montant au droit de Valserres et un dans le sens descendant après Montgardin quand on prend la route de la vallée de l’Avance.

Jean-Marie Bernard, président des Hautes-Alpes

Parmi les projets momentanément mis sur la touche, celui du tunnel des Ardoisières à La Grave car l’enveloppe de 50 millions d’euros n’a en effet pas été retenue. L’ouvrage présentera des difficultés d’exploitation dans les années à venir, explique Jean-Marie Bernard.