De retour d’une mission au Congo pour Électriciens Sans Frontières, Marcel Ciuppa raconte les dessous d’un projet solidaire
L’ONG Électriciens Sans Frontières réalise en ce moment une mission d’électrification d’un village isolé au Congo Kinshasa. Un projet monté par Marcel Ciuppa, électricien à la retraite que les Briançonnais connaissent bien.
Bénévole très actif, Marcel Ciuppa est correspondant des projets pour Électriciens Sans Frontières, c’est à dire qu’il étudie et analyse les projets et vérifie qu’ils s’intègrent dans l’éthique de l’ONG. Vie sociale et sécurité, éducation, santé, développement économique, accès à une eau de qualité, formation, sécurité alimentaire et lutte contre le changement climatique sont les piliers de cette éthique. L’association de solidarité internationale compte 1200 bénévoles dont 70 en région PACA et lutte contre les inégalités d’accès à l’eau et à l’électricité dans les pays en grande difficulté. Elle mène chaque année une centaine de projets dans 25 pays et mise notamment sur les énergies renouvelables. Marcel Ciuppa est donc rentré d’une mission de deux mois au Congo début décembre, accompagné de son collègue Philippe. Les missions au Congo ne sont pas terminées pour Marcel Ciuppa. Il se rendra en avril dans le sud du pays puis en octobre dans la province du bas Congo, au sud de Kinshasa, le tout pour électrifier un centre hospitalier, des écoles, des lycées et des centres de formation à la menuiserie et à la couture.
La rédaction de ram05 : où vous êtes-vous déplacé et pourquoi ?
Marcel Ciuppa : Je me suis déplacé en mission le 24 octobre, j’ai fait deux missions en même temps. Mais je vais surtout parler de la mission de Widjifaké, qui est un petit village sur l’équateur de la RDC. Dans ce village, il n’y a aucun moyen de communication. Pas de téléphone, pas d’Internet, absolument rien. La grande difficulté dans ces petits villages, c’est qu’il n’y a pas d’eau et pas d’électricité. L’eau est récupérée dans des rivières impropres. Ils vont faire 5 à 6 kilomètres pour aller chercher des bidons de 25 litres d’eau.
Quels étaient les objectifs de la mission ?
Le but, c’était de faire un forage, de mettre des citernes avec un château d’eau pour avoir une alimentation d’eau un peu plus ‘potable’. Enfin, pas potable, je ne vais pas utiliser ce terme, parce que ce n’est pas le terme qu’on doit utiliser. C’est de l’eau de qualité. La mission, elle était d’amener de l’eau et de l’électricité essentiellement au centre de santé. Il y a toujours un petit centre de santé dans ces villages, qui fonctionne pour accoucher, pour les petites maladies et surtout, surtout, le gros problème de la malaria. Le but, c’était d’améliorer donc les conditions de vie de cette petite population de 3000 habitants. Mettre en place des panneaux photovoltaïques pour alimenter le centre de santé. C’est important car lorsqu’il y a des accouchements le soir, ils font ça à la bougie ou à la lampe de poche. Le centre de santé accueille environ 250 accouchements par an, dont une centaine le soir. En même temps, ça nous a permis d’alimenter deux petites écoles, où vont les enfants. Et d’alimenter le village en eau propre.
Comment a émergé ce projet, qui vous a démarché ?
Sur Widjifaké, c’est un peu particulier, car c’est une association Briançonnaise qui s’occupait de ce village. Je les ai connus vraiment par hasard. J’ai appris qu’il y avait une association Briançonnaise qui s’appelle « des Alpes au Congo ». Cette association était en relation avec ce village et était déjà partie plusieurs fois pour leur apporter du matériel, des vêtements, des outils, pour qu’ils puissent travailler. Un jour, je vais au marché, et je discute avec un ami, lui disant que je suis à Électriciens sans frontières. Une dame qui vend des fromages sur le marché a entendu, et m’a dit ‘je vous ai entendu parler d’Electriciens sans frontières, c’est quoi exactement ?’. Alors je lui explique tout ce qu’on fait, tout ce qu’on réalise. Et elle me dit ‘je suis très intéressée, car on a une petite association à Briançon qui s’appelle les Alpes du Congo et on intervient dans un petit village qui s’appelle Widjifaké, sur la zone de l’équateur’. Ça a démarré comme ça.
Que retenez-vous particulièrement de cette mission à Widjifaké ?
Le jour où on a appuyé sur le bouton pour mettre en route toute l’installation photovoltaïque du centre de santé, le soir même, il y a eu un accouchement. Mais un accouchement extraordinaire ! Avec de la lumière, et non plus à la lampe de poche et à la bougie. De cet accouchement est sorti deux jumeaux. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’en République du Congo, les jumeaux s’appellent ‘Numéro 1’ et ‘Numéro 2’. Et bien là, ils les ont appelés Marcel et Philippe. Et ça, ça nous a énormément touchés.