Nouveaux horaires des TER : l’étoile de Veynes sur les rails de la (quasi) stabilité
Après le comité technique des usagers qui s’est tenu le 10 octobre à Gap, le service annuel 2023 des TER est en cours de finalisation. Il sera effectif le 11 décembre. Pour le moment, pas de grand changement à l’horizon.
On peut plutôt parler d’un petit changement. La nouveauté marquante de ce service annuel 2023 est la mise en place d’une navette ferroviaire aller-retour entre Briançon et Gap les matins en semaine -pour la modique somme de 16€10 l’aller simple, un prix qui ne tient pas encore compte des augmentations de tarifs à venir, soi dit en passant- qui fonctionnera à partir de début janvier. Départ de Briançon 6h58, arrivée à Gap 8h10, départ de Gap 8h26, retour à Briançon à 9h42. Une initiative saluée par le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, par la voix de Nicole Tagand. « C’est un point très positif, car ça fait des années qu’on demande à ce qu’il y ait un train qui monte à Briançon le matin ». Elle y voit malgré tout quelques bémols. « Il ne circule pas le week-end », regrette-t-elle.
Bravo d’avoir mis un train qui monte à Briançon le matin, le regret, c’est qu’on se demande pour quoi et pour qui les horaires ont été prévus
Nicole Tagand – CEFV
L’horaire d’arrivée à Gap de ce nouveau train, à 8h10, dépend « des contraintes de tracé telles que l’arrêt commercial en gare, les contraintes de croisement en gare », nous précise Jean-Pierre Serrus, le vice-président aux transports de la région PACA, par écrit, ajoutant que « cela répond à une demande forte des usagers de la ligne ». Pourtant, déjà en 2011, la FNAUT, Fédération Nationale des Usagers des Transports, titrait « la qualité du service sur la ligne du val de Durance se dégrade ». Fin septembre, la régularité des trains était de 85 % sur Marseille-Briançon et 69 % sur Romans-Valence-Briançon. A part ça, sur les sujets de fond, aucune avancée, se désole le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes dans un communiqué. « Sur l’ensemble des sujets sur lesquels les associations tentent de faire entendre les besoins des usagers depuis plusieurs années, rien ne bouge », écrit le collectif, qui pointe une absence de concertation et d’écoute. Les grilles horaires quasi-définitives ont été présentées lors du comité technique des usagers des TER à Gap le 10 octobre dernier. Nous les avons épluchées en détail. Entre Briançon et Valence tout d’abord, « quelques vibrations horaires mais pas de modifications drastiques », nous fait savoir Jean-Pierre Serrus.
Des temps de parcours différents
Sur Briançon-Marseille, le temps de parcours médian en 2023 est de 4h25, contre 4h23 l’an dernier. Entre 2019 et 2021, ce temps de trajet dépassait les 5 heures selon les chiffres fournis par la Région. Plus globalement, ces temps de trajet sur Briançon-Marseille n’ont pas vraiment évolué depuis 2009, ils ont même légèrement baissé et sont donc les plus courts depuis près de 15 ans. Dans le sens montant, en revanche, c’est plus médiocre. Marseille-Briançon est moins performant. « Quand on compare les temps de trajet entre la descente et la montée, on voit qu’il y a une bonne différence de 5, 10 voire 20 minutes », observe Nicole Tagand. Le temps médian de parcours baisse toutefois par rapport à l’an dernier, à 4h35, soit 5 minutes de moins. Mais il n’atteint pas les 4h19 enregistrés en 2016 et 2017, et, globalement, on note une tendance générale à l’augmentation des temps de trajet. « Des temps de parcours à améliorer sur Marseille-Briançon, reconnaît Jean-Pierre Serrus, conséquence directe de contraintes de croisement sur voie unique, un sens est plus péjoré que l’autre », explique-t-il. C’est aussi du à des arrêts en gare plus longs et parfois injustifiés : c’est ce que l’on appelle les « marches détendues », destinées à anticiper un éventuel retard tout en ayant la possibilité de le rattraper en partie, voire d’arriver à l’heure et donc, d’éviter à SNCF Voyageurs de payer des pénalités de retard à la Région. « La Région ‘note’ la performance SNCF, avec l’arrivée à l’heure, s’agace Nicole Tagand. C’est très pénalisant, car c’est SNCF qui propose des marges de marche, pour que les trains ne soient jamais en retard ». Constat concret et flagrant : l’an dernier, le premier train du matin pour Marseille au départ de Briançon a été décalé de 7h57 à 8h27. Et bien avec un départ retardé de 30 minutes il réussit l’exploit d’arriver à Marseille à la même heure.
Avec un horaire comme celui qui est proposé, on peut rattraper jusqu’à 30 minutes. Ce train pourrait marcher avec une amélioration de 30 minutes de temps de trajet s’il y avait un peu de bonne volonté
Nicole Tagand – CEFV
Autre sujet de discorde, le premier train Marseille-Briançon du matin, déplacé depuis deux ans de 8h44 à 7h41. Trop tôt pour certaines correspondances depuis le littoral. Et le train fait doublon avec un bus au départ à la même heure, à 7h45, n’assurant pas le service de banlieue entre Marseille et Aix « Le bus siphonne les usagers du train, c’est la double punition », s’exaspère Nicole Tagand. Cette modification d’horaire était motivée par l’insertion du train dans l’horaire de pointe entre Marseille et Aix, et une arrivée à Briançon à midi au lieu de 13h30, demandée par de nombreux usagers « souhaitant profiter de l’après-midi à Briançon », nous précise la Région. Le collectif de l’étoile de Veynes y voit plutôt un service pensé au bénéfice des urbains -même si les usagers avaient obtenu l’an dernier que les trains de et vers les Alpes ne desservent plus que trois gares en banlieue de Marseille au lieu de sept-, les voyageurs à destination des Alpes restant plus avantagés par le bus, qui ne dessert pas la banlieue.
Statu quo
Pour le reste, le collectif de l’étoile de Veynes regrette toujours un statu quo : des TER sont toujours affichés complet et impossibles à réserver. « Soi-disant, c’est une façon d’anticiper le fait qu’il y aura du monde, mais c’est n’importe quoi, car il n’y a pas de réservation dans les TER, ce ne sont que des extrapolations, dénonce Nicole Tagand. Ça va pénaliser obligatoirement l’intérêt financier du train puisque c’est un manque à gagner, ces billets ne peuvent pas être vendus ». La réouverture de gares et de haltes, comme Châteauroux, la Bâtie-Neuve ou Savines n’est pas non plus envisagée -la Région table sur un budget de 12 millions d’euros par point d’arrêt. La rénovation de gares est en revanche à l’ordre du jour : la gare de Gap vient de subir un lifting pour 2,3 millions d’euros, et la gare de Briançon prendra elle aussi un coup de jeune en 2024. L’anticipation des flux intrarégionaux liés aux week-ends scolaires et aux loisirs est toujours demandée, pour éviter de se retrouver avec des trains bondés les vendredis et dimanches soirs. Quant à la mise en place d’un train dit « pendulaire » (il serait cependant plus juste de parler de « navette ») entre Gap et Embrun, pas de nouvelles pour le moment. Et les tarifs sont encore pénalisants pour les non-abonnés, à 16 centimes du km vers Marseille et 17 centimes du km vers Valence. Sans compter que les tarifs ZOU évoluent à partir du 5 janvier. Comprenez : ils augmentent, de l’ordre de +2,8 % pour les abonnés, et +8 % pour les non-abonnés, d’après Nice-Matin. La région Occitanie voisine, volontariste sur le plan ferroviaire, propose certains billets à 1€. « Je ne suis pas sûre qu’en région PACA, ça leur effleure l’esprit, soupire Nicole Tagand. Il vaut mieux 100 personnes à 1€ dans un train qu’une seule personne à 100€. Même si c’est à recette constante, mais par contre, le bénéfice climatique sera plus important pour la communauté », poursuit-elle. Quant au matériel roulant sur les lignes de l’étoile ferroviaire de Veynes, il n’a pour le moment pas vocation à être remplacé ni modernisé. Du côté de NOS TER PACA, même son de cloche. Son secrétaire Stéphane Coppey considère ce service annuel 2023 des TER comme « minable et anachronique ». Quoiqu’il en soit, il entrera en vigueur le 11 décembre prochain.
Nous reviendrons prochainement en détail sur la réouverture de la ligne Gap-Grenoble et sur son nouveau service horaire.