Agriculture : le Projet Alimentaire Territorial est lancé
En avril 2021, le PAT – Projet Alimentaire Territorial – défendu par le Département était approuvé par l’État, débloquant 90 000 € de crédits pour sa mise en œuvre. Censé transformer l’agriculture haut-alpine sur le long-terme, ce programme est piloté par l’Agence de Développement qui a récemment rassemblé les 35 partenaires – chambre d’agriculture, collectivités, parc national des Écrins, associations, producteurs et agriculteurs. Un plan sur trois ans qui se décline en 5 orientations et 40 actions concrètes. Aperçu.
Pour Sebastien Bellue, responsable de l’agriculture à l’Agence de Développement des Hautes-Alpes, le Projet Alimentaire Territorial vise avant tout à « relocaliser et augmenter la résilience de l’agriculture du département ». Comme point de départ, l’Agence de Développement a choisi de dresser un état des lieux de la production actuelle et ses débouchés, ainsi que de réaliser une enquête pour cerner les habitudes alimentaires des locaux.
Pour la suite, le PAT comprend plusieurs actions dont le but est de faire progressivement évoluer l’offre agricole vers une agriculture mieux labellisée, avec tête l’obtention du label HVE – le controversé label Haute Valeur Environnementale – ou encore le label Agriculture Biologique. L’obtention également d’Appellations d’Origine Protégée, pour le Bleu du Queyras et la Tomme du Champsaur.
Les objectifs sont multiples. D’une part, permettre aux produits haut-alpins de trouver leur place dans la restauration collective, obligée d’introduire dès 2022 50% – en valeur d’achat – de produits dits « durables »* dont 20 % de produits issus de l’agriculture biologique. La labellisation des produits locaux devraient mécaniquement les introduire dans les cantines, estime Sébastien Bellue, permettant une relocalisation d’une part importante de l’alimentation.
Autre but poursuivi par ces labellisations, la meilleure valorisation et l’augmentation de l’export de certains produits haut-alpins, notamment les fromages, les vins et la bière. En complément, le plan prévoit des opérations de communication et de vente en ligne autour de ces produits haut de gamme qui présentent un potentiel intéressant pour l’export.
En clair, le Projet Alimentaire Territorial doit permettre de rééquilibrer la balance entre exportation et consommation locale en réorganisant les filières, explique Sébastien Bellue.
D’autre part, le PAT pérennise le programme d’achat par le Département de produits locaux pour le compte des associations caritatives qui organisent des distributions alimentaires. Né pendant le premier confinement, ce programme permet aux plus démunis d’accéder à des produits maraîchers et carnés frais et locaux.
Au total 40 actions sont prévues. Dans trois ans, l’Agence de Développement reconduira une enquête sur les habitudes alimentaires des haut-alpins pour mettre en lumière un éventuel impact du PAT.
Outre la relocalisation et l’export de produit haut de gamme, Sébastien Bellue entrevoit comme évolution possible une croissance du maraîchage, qui souffre actuellement d’un déficit sur le département. Il pointe les nombreuses nouvelles installations dans les Hautes-Alpes. Selon lui, deux types d’exploitations en maraîchage se distingueront sur les prochaines années. Celles de petites tailles qui écouleront leur production sur les marchés ou à la ferme, et des exploitations à plus gros volumes, capables d’alimenter les cantines.
*AB, label rouge, AOP ou AOC, IGP, HVE, Ecolabel pêche durable, RUP (Région Ultra-périphérique)