Masques Solidaires 05 : l’histoire inédite d’un collectif qui soutient « les premières lignes »
En pleine pandémie de Covid 19, le gouvernement a été épinglé par certains médias sur une anticipation insuffisante dans la gestion du stock de masques. En réponse à cette pénurie, certains citoyens retroussent leurs manches et sortent du placard les machines à coudre.
Avant le mois de mars, il aurait été impossible de prédire un tel engouement pour un objet jusqu’ici absent de la vie des français. Mais avec la pandémie de Covid 19, la pénurie à l’échelle internationale et le changement progressif de discours du gouvernement français sur son utilisation, le masque est rapidement devenu un élément clé dans la lutte contre le l’épidémie, et un objet très convoité.
Si bien que des initiatives locales pour concevoir des masques « faits maison » ont vu le jour partout en France. Des initiatives parfois individuelles, parfois collectives pour équiper les personnes « en première ligne ». C’est le cas de Masques Solidaires 05, né le 28 mars à Embrun, explique Sandra Deleglise.
48h plus tard, le collectif comptait 17 personnes. En quinze jours la barre des 40 est franchie. Masques Solidaires 05 devient alors un phénomène qui témoigne d’une forte volonté de chacun d’apporter sa pierre à l’édifice pour venir à bout du virus. A l’heure où la meilleure façon d’agir consiste à respecter le confinement, certains se sentent impuissants, mais grâce à cette action, ils ont trouvé le moyen de se rendre utile. Comme l’expliquent des membres du collectif, intégrer Masques Solidaires 05 c »est aussi une solution pour lutter contre l’isolement lié au confinement.
Face à l’afflux d’autant de bonnes volontés, il a fallu rapidement mettre en place une organisation digne d’une entreprise pour assumer les différents rôles : coutures, découpeurs, coordination, prises de commande, gestion des stocks, livraison er communication etc.
Tout part des dons de matières, la suite nous est décrite par Sandra Deleglise.
Masques Solidaires 05 se définit comme un mouvement, ou encore un collectif, et n’a pas souhaité pas souhaité se monter en association. D’une part parce qu’il faut agir vite et que la création d’une structure prend du temps, mais aussi pour respecter la philosophie du collectif, qui se veut horizontal dans la prise de décision, et ne souhaite pas que de l’argent transite au sein du groupe.
Jeudi 9 avril, le collectif a été sollicité par la maire d’Embrun, Chantal Eymeoud, pour participer à la confection de 6500 masques à destination des embrunais. Mais comme son nom l’indique, Masques Solidaires 05 souhaite être solidaire bien au-delà d’Embrun, et compte d’ailleurs des couturières de Savines Le Lac jusqu’au Queyras. D’autre part, le collectif équipe exclusivement les professionnels. C’est pourquoi le collectif n’a pas répondu par l’affirmative à cette commande, et a préféré expliqué qu’il satisferait dans la mesure de ce qui est produit et des priorités, une partie de la demande, en tenant compte des autres communes. Aussi, Masques Solidaires 05 a été surpris de découvrir vendredi un post Facebook qui indiquait que le collectif allait participer à la confection de 6500 masques pour la ville d’Embrun. Cela a mis le collectif à l’épreuve de la démocratie directe.
Fort de cette expérience, Masques Solidaires 05 continue de recruter de nouveaux talents. A ce jour, ce sont 62 couturières, 15 organisateurs et 16 découpeurs qui participent à l’aventure. Beaucoup ne se sont jamais rencontrés en chair et en os et ne pourront le faire avant la fin du confinement, et pourtant, grâce aux outils numériques, l’organisation suit son cours. Lorsque les rassemblements publics seront de nouveau autorisé, gageons que les membres ne manqueront pas de se rencontrer, et alors les « masques numériques » pourront tomber.