Sécurité des sites de baignade : dans les Hautes-Alpes, un été « dans les standards habituels » malgré la tenue des Jeux de Paris
55,6% des touristes qui fréquent les Hautes-Alpes l’été pratiquent la baignade, en lacs, plans d’eau et rivières selon l’Agence de Développement. Or, depuis 2015, le département connaît une hausse continue du nombre de visiteurs, et se situe aujourd’hui en troisième position des départements d’accueil en centre de loisirs. Comment les communes et l’État font-elles face à cet enjeu croissant de la sécurité sur sites de baignade ? Reportage à la Baie Saint-Michel à Chorges à la rencontre de la préfecture et du SDIS 05.
Au poste de secours de la baie Saint-Michel, le préfet des Hautes-Alpes Dominique Dufour expose d’emblée un triste chiffre pour souligner l’importance de la surveillance.
Il y a 1 000 personnes qui meurent de noyades accidentelles par an en France.[…] C’est important pour nous, lorsqu’on accueille autant de personnes sur des sites d’exception, de pouvoir leur garantir aussi de la sécurité.
Sur le seul mois de juillet, le département a accueilli 5 500 enfants en colonies. Si la sécurité des plages incombe aux communes, celles-ci ont fait le choix, par l’intermédiaire d’une convention, de confier cette mission au SDIS 05 – le Service Départemental d’Incendie et de Secours, directement, ou via le SMADESEP – le Syndicat Mixte d’Aménagement de Serre-Ponçon. Depuis deux ans, la campagne de recrutement du personnel de surveillance et de sauvetage est ainsi être centralisée et assurée par le SDIS 05. Quarante personnes ont été recrutées cet été, souvent des étudiants formés au BNSSA – le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique.
Sur les sites de baignade, la prévention représente l’une de leurs principales missions. Le respect des règles et la bonne compréhension des facteurs de risques limite considérablement les chances de survenue d’un accident.
Le risque principal, bien sûr, c’est la noyade, mais souvent dû à l’épuisement ou au choc thermique. Quand on est sur un paddle pendant deux heures au soleil et que malheureusement on tombe à l’eau ou qu’on saute dans l’eau, il peut y avoir des chocs thermiques. Ça arrive assez fréquemment aussi depuis les bateaux ou depuis les pédalos. De la même manière, l’épuisement quand les gens vont sur les pontons en extrémité des zones de baignade. S’ils sont fatigués, parfois, ils n’arrivent pas à revenir correctement. Il faut toujours, pour les jeunes enfants qui savent nager ou qui des fois vont un peu au-delà de leur force, les surveiller en permanence, éventuellement les faire accompagner d’adultes. Et surtout, quand on est sur des bateaux au milieu du lac, bien les équiper de leurs gilets de sauvetage. L’accident est trop vite arrivé.
Le SDIS 05 rappelle également aux parents de ne jamais quitter des yeux les enfants les plus jeunes et de leur faire porter des brassards, même hors de l’eau, dès lors qu’ils sont à proximité de l’espace de baignade.
À ces risques bien identifiés, s’ajoutent ceux liés aux nouvelles activités nautiques, signale le maire de Chorges Christian Durand, pour qui, dans ce contexte, l’accord trouvé avec le SDIS 05 facilite grandement la tâche aux communes. Le paddle est l’exemple phare du loisir dont la pratique a explosé ces dernières années, jusqu’à devenir aujourd’hui un vrai sujet pour la sécurité nautique, explique Jean-Yves Brobecker
C’est un objet qui s’acquiert facilement, c’est pas très compliqué d’en faire mais il y a des règles à connaître. Le paddle doit rester dans les bandes de rives – les grandes bouées jaunes et blanches qu’on voit à l’extrémité de la plage, normalement à trois-cents mètres de la rive du lac. On ne peut normalement pas les franchir avec un paddle. En tout cas on ne peut pas traverser le lac avec tous les types de paddles. Il y y en a quelques-uns avec des compartiments de sécurité etc. qui ne peuvent pas crever, qui ne peuvent pas se dégonfler, qui peuvent traverser mais seulement très peu en navigation. Comme il y en a de plus en plus [de paddles], il faut que les gens soient prudents, fassent attention aux nageurs, aux baigneurs et puis fassent aussi attention aux embarcations […]. C’est vrai que c’est de plus en plus délicat pour tout le monde puisqu’il commence à y avoir une grosse population qui navigue sur le lac.
Autre enjeu, propre, lui, à cet été, la tenue des Jeux de Paris 2024 qui mobilisent du personnel de la sécurité civile, rappelle Dominique Dufour, le préfet des Hautes-Alpes.
On avait à cœur, malgré le contexte, la mobilisation des forces de sécurité pendant les JO, de maintenir le confort de baignade et la sécurité des personnes qui fréquentent les Hautes-Alpes, d’une manière générale et du lac de Serre-Ponçon en particulier. C’est pour ça que depuis l’an dernier, on a mis en place une politique de recrutement, de formation, ce qui permet aujourd’hui d’avoir plus de 40 personnes qui ont été recrutées par le SDIS et mobilisées autour des sites de baignade avec une plage horaire relativement importante puisque de 8h à 19h, les sites de baignade sont surveillés.
Pari tenu à ce jour. Les chiffres de la sécurité nautique s’inscrivent dans la continuité des étés précédents selon le directeur adjoint du SDIS 05 Jean-Yves Brobecker.
On est dans les standards habituels en termes de sauvetage. On en a fait un sur la plage de la Baie Saint-Michel, justement où nous sommes aujourd’hui, mais on en fait guère plus tous les ans, on est vraiment dans les standards habituels.