Ville de Gap © ram05

Municipales à Gap : une union des trois groupes de gauche est-elle possible pour 2026 ?

Les oppositions du Conseil Municipal de Gap vont-elles prendre l’aspiration du Nouveau Front Populaire en s’unissant pour les prochaines élections municipales ? Pour faire basculer la ville préfecture à gauche, une entente entre les trois groupes semble incontournable. Un premier rapprochement s’est déjà opéré, et des discussions réunissant les trois groupes auront lieu en septembre.

En 2020, Roger Didier l’a emporté dès le premier tour avec 54 % des voix exprimées. En face, Ambitions pour Gap et Gap Autrement ont affiché respectivement 33 % et 13 %. Union ou pas, la gauche n’aurait donc pas repris la mairie. Mais le contexte était particulier veut croire Charlotte Kuentz, tête de liste d’Ambitions pour Gap en 2020.

On a une commune qui compte 40 000 habitants et un maire qui est élu avec 5 400 voix, dans un contexte très particulier qui était celui du Covid. D’habitude, les maires de Gap sont élus avec entre 8 500 et 10 000 voix. Il a gagné les élections, ça c’est un fait, on ne le remet pas en question. Par contre, la notion de majorité absolue, je pense qu’elle est vraiment à relativiser.

Impossible d’affirmer avec certitude à qui profiterait un éventuel regain de participation en 2026, tel que celui observé lors des européennes et législatives de 2024. En revanche, les oppositions estiment que Roger Didier sortira fragilisé de ce mandat, notamment à cause de sa politique budgétaire et d’imposition, explique Marie-José Allemand, tête de liste de Gap Autrement en 2020 et désormais députée de la première circonscription des Hautes-Alpes.

On transfère systématiquement 6 à 8 millions d’euros du fonctionnement à l’investissement. Alors évidemment, la ville de Gap est très désendettée. Mais est-ce que c’est judicieux d’avoir un désendettement à deux ans et demi ? Ce n’est, à mon avis, pas comme ça qu’on gère une ville. On voit bien que cette bascule permet de se passer de certaines subventions. Je pense par exemple à l’usine de potabilisation de la descente qui va être faite sans subvention de l’Agence de l’eau. C’est terrible.

Par ailleurs, dans la gestion des dossiers, Ambitions pour Gap comme Gap Autrement pointent des aménagements d’une autre époque, et un manque d’anticipation qui obligerait selon eux les élus à faire des choix dans l’urgence, qui pourraient là-aussi coûter des voix à Roger Didier.

L’aménagement de Desmichels c’est 3 millions qui sont mis dans le miroir d’eau et une esplanade, qui, malgré les belles images qui sont aujourd’hui relayées est en fait très minérale, avec des conséquences en termes d’îlots de chaleur et de qualité de vie dans la ville. Des conséquences également sur l’organisation du réseau de transport en commun parce que parallèlement à ça, une étude a été menée pour réorganiser tout le réseau de transport en commun sur la ville de Gap, et le nœud qui est identifié, où il va falloir tout orchestrer, tout agencer, se trouve également sur l’esplanade Desmichels. Or dans l’aménagement proposé, rien n’est prévu pour accueillir ce carrefour de voies de transport en commun. Autre dossier, celui des Cristayes avec un choix fait dans l’urgence. Certes, peut-être que le site est pertinent, mais aujourd’hui on n’a aucune visibilité sur les coûts d’aménagement de l’accès au site des Cristayes et on a un coût d’achat qui reste délibérément trop élevé par rapport au prix auquel on aurait dû l’acheter. Donc tous ces dossiers-là montrent ce que l’on dénonce à chaque fois : un manque d’anticipation, un manque de lecture transversale des problématiques de la ville, qui hypothèquent pour l’avenir

Depuis 2020, les lignes ont légèrement bougé dans l’opposition, avec l’apparition d’un troisième groupe, Territoire Ecologie et Solidarité. Ses deux conseillers, Isabelle David et Eric Garcin, s’étaient en effet désolidarisés d’Ambitions pour Gap en 2022 pour « préciser des orientations politiques » selon Isabelle David. Aujourd’hui, cette dernière assure ne pas voir d’obstacles à une bonne entente entre l’ensemble des oppositions.

Sur les sujets locaux, je n’ai aucun doute que, dans la constitution de quelque chose qui pourrait être un programme, on trouverait des accords puisque nous avons les mêmes orientations, les mêmes objectifs et la même façon de considérer le mandat de M. Roger Didier comme étant un mandat à bout de course et qui ne répond absolument pas aux besoins de notre territoire. Ensuite, dans les méthodes de travail, je ne vois pas non plus ce qui pourrait faire obstacle. Nous savons travailler avec les gens, nous avons une expertise dans le domaine du militantisme, de l’engagement politique. Nous avons déjà fait des campagnes pour d’autres élections donc je ne vois pas ce qui pourrait faire obstacle.

Après avoir fait campagne pour Marie-José Allemand (Nouveau Front Populaire) lors des élections législatives, Territoire Écologie et Solidarité a rejoint Gap Autrement pour poser la première pierre d’Union pour Gap. Un rapprochement s’était déjà opéré avec le dossier des Cristayes pour lequel les deux groupes avaient formulé un recours en commun contre cette acquisition jugée excessivement onéreuse. Malgré ce rassemblement, l’intergroupe reste minoritaire dans l’opposition avec 4 sièges sur 9, les autres étant détenus par Ambitions pour Gap. Ainsi, à peine la moitié du chemin est parcourue pour parvenir à un regroupement de toutes les forces d’opposition. L’effet Nouveau Front Populaire facilitera-t-il cette démarche ? Charlotte Kuentz rappelle que l’union pour les législatives a été possible avant tout car elle partait d’un programme commun.

Pour [Ambitions pour Gap], l’enjeu premier, c’est le programme. Se réunir autour d’un programme qui soit coconstruit avec les Gapençais via des réunions publiques, des réunions de concertation, qu’on a d’ailleurs d’ores et déjà commencé à faire, puisqu’on propose une fois par mois des rencontres citoyennes qui s’appellent « Envie de Gap », pour faire un peu le point sur les problématiques actuelles. Il y aura un temps suivant qui sera sur la coconstruction du programme.

Selon Charlotte Kuentz, une coordination entre les groupes a, de fait, déjà commencé à se mettre en place lors des derniers conseils municipaux. La numéro un d’Ambitions pour Gap rappelle qu’une première réunion des trois groupes devait se tenir en juin dernier, mais que les législatives étaient venus chambouler ce calendrier. Le travail autour d’une union des gauches reprendra donc en septembre.

Tête de liste de Gap Autrement en 2020, Marie-José Allemand est sans ambiguïté pour 2026 : elle ne sera pas candidate. Elle pourrait pourtant se présenter sans pour autant briguer la fonction de maire, non-cumulable avec un mandat national, à l’image du sénateur des Hautes-Alpes Jean-Michel Arnaud, encore conseiller municipal à Tallard après avoir été élu sénateur.