Montgenèvre : les verbalisations de maraudeurs se multiplient
Les verbalisations de maraudeurs à la frontière franco-italienne se multiplient depuis le début de l’année 2021. Au point qu’elles deviennent systématiques et arbitraires, selon les associations.
135 euros d’amende pour avoir coché la mauvaise case. Vendredi dernier, trois maraudeurs ont été verbalisés alors qu’ils portaient assistance aux exilés en montagne, à la frontière franco-italienne. L’une d’eux, bénévole pour Tous migrants qui a souhaité rester anonyme, nous raconte.
Aux yeux des agents de la PAF – la police de l’air et des frontières – à l’origine de la verbalisation, les maraudeurs auraient dû cocher la case « assistance aux personnes vulnérables » sur leur attestation de déplacement dérogatoire, au lieu de la case « déplacement professionnel ». Une version confirmée par le sénateur écologiste Thomas Dossus, l’un des « élus solidaires » venu à Montgenèvre pour soutenir les maraudeurs.
Les agents de la PAF ont rapporté aux maraudeurs que des ordres émanaient de l’officier de police judiciaire, mais ils n’ont jamais pu apporter la preuve que ces instructions avaient bien été données.
Systématisation et durcissement des pratiques
Pourtant, le procureur de la République avait déjà rappelé aux forces de l’ordre que les maraudes en montagne étaient autorisées après 18h. S’agissant de la case à cocher sur les attestations, une lettre a même été envoyée par le gouvernement aux préfets, le 3 novembre dernier. Il y est stipulé que « les salariés et les bénévoles d’associations doivent préparer une attestation de déplacement professionnel en précisant si possible la durée de validité et la nature de la mission d’intérêt général qu’ils mettent en œuvre ».
Mais depuis l’envoi de ce courrier, les effectifs des forces de l’ordre ont été renforcés à la frontière franco-italienne et les pratiques policières se sont durcies. Pamela Palvadeau est coordinatrice du programme migrations frontière transalpine pour Médecins du monde. Elle explique que les verbalisations abusives se sont systématisées.
Au-delà de la systématisation de ces pratiques, c’est leur côté arbitraire qui pose question. Notamment car d’un policier à un autre, les pratiques ne sont pas les mêmes, ce qui interroge quant à l’égalité de tous devant la loi, rappelle l’une des maraudeuses verbalisées vendredi dernier.
Si des recours sont possibles pour contester ces amendes, les bénévoles rappellent à quel point ces dossiers sont longs à monter et à défendre devant la justice. En tout, depuis octobre dernier, une soixantaine de maraudeurs ont été verbalisés, 17 ont été convoqués pour des auditions à la PAF et deux ont été placés en garde à vue pour « aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière ».