Démantèlement du "mémorial aux morts des frontières" : combat symbolique autour de l'immigration dans le Briançonnais

Suite à l'annonce d'Arnaud Murgia que cette structure érigée par des habitants serait enlevée, un groupe de “Solidaires” et des élus d’opposition avaient profité du conseil municipal du 20 mars pour demander au Maire de Briançon de laisser en place ce mémorial, sans succès. Douze cairns sans inscriptions ont rapidement succédé à la structure démantelée sept jours plus tard, prolongeant un combat symbolique entre les solidaires et la municipalité.

Pas « étonnés » mais « indignés ». Tous Migrants a réagi ce mercredi matin par voie de communiqué au démantèlement par la municipalité du mémorial aux morts des frontières, opéré mardi 26 mars aux environs de sept heures à l’aide d'une pelleteuse. Ce cairn recouvert de fleurs, érigé en hommage aux personnes décédées en tentant de passer la frontière avait été installé début février par des solidaires envers les migrants et les exilés. Baptiste, habitant solidaire à Briançon, regrette que l’affaire prenne une tournure selon lui « personnelle » et « politique ».

Pour [le Maire de Briançon], il fallait enlever ce mémorial parce que c'était un symbole d'opposition et pas un symbole de mémoire. Il en a fait une histoire personnelle d'opposition politique alors que notre seule volonté, c'était de rendre hommage aux victimes de la militarisation de la frontière et de visibiliser la situation.

Baptiste, habitant solidaire à Briançon

Douze cairns ont depuis déjà été érigés au même endroit, cette fois-ci sans plaque mémorielle ni aucune inscription particulière. Parallèlement, le milieu solidaire a lancé un appel à multiplier ces initiatives.

Douze cairns pour les douze personnes décédées en tentant de passer la frontière depuis Oulx. C'est une initiative spontanée, et puis il y a un appel qui est lancé à construire des petits cairns un peu partout [...]

Baptiste, habitant solidaire à Briançon

Quelques heures après la destruction du mémorial, une délégation de citoyens et représentants de Médecins du Monde, de la Cimade 05, de Refuges Solidaires s’est rendue en mairie de Briançon. La coordinatrice de Médecins du Monde Briançon, Isabelle Lorre, assure que la délégation s’est d’abord vue proposer une rencontre avec le Maire, avant que huit policiers ne soient finalement envoyés.

Contacté par ram05, le cabinet d'Arnaud Murgia livre une autre version : « pénétrer en groupe de 10 dans un bâtiment public suivi par une caméra, effrayer les agents d’accueil en exigeant d’être reçu n’est pas vraiment une demande de rendez-vous ». Arnaud Murgia a depuis saisi le préfet des Hautes-Alpes au sujet « de la situation préoccupante des groupes d’ultra-gauche dans le Briançonnais ». Le cabinet du Maire précise également qu'Arnaud Murgia « saisira le parquet de Gap à chaque fois que cela sera nécessaire comme il l’a fait lorsqu’il a été encore récemment menacé de mort, ce que les associations n’ont d’ailleurs jamais condamné ». « Le Maire de Briançon ne débat pas avec des groupes issus pour la plupart du mouvement ayant squatté les Jeunes Pousses et qui utilisent l’invective et l’intimidation au quotidien », poursuit Arnaud Murgia, estimant que « le débat doit continuer à se tenir de manière démocratique, au sein de nos institutions et non dans la rue ».

Tous Migrants dénonce pour sa part un « refus de dialogue » ainsi qu’une « atteinte au devoir de mémoire », dit rester « déterminée à faire valoir la mémoire des personnes mortes sur le chemin de l’exil » et demande la restitution, à minima, de la plaque commémorative réalisée par une artiste embrunaise.