Roger Grimaud, maire de La Saulce et président de l'association des maires ruraux des Hautes-Alpes ; Maryvonne Vétillart, présidente de la délégation haut-alpine de la Mutualité Française ; Jean-Pierre Gandois, maire de Crots et secrétaire général de l'association des maires des Hautes-Alpes ; Jean-Claude Eyraud, président de la Mutuelle de France Alpes du Sud

Dans les Hautes-Alpes, le défi de l'accès aux soins

« La situation est grave » : alors que la question de la santé occupe trop peu de place selon eux dans la campagne présidentielle en cours, les représentants des mutualistes et des maires des Hautes-Alpes interpellent les candidats à propos de l’accès aux soins, en particulier dans le département. Une conférence de presse organisée ce mercredi a été l’occasion de dresser un tableau de la situation et de livrer des pistes de solutions.

À population égale, les Hauts-Alpins doivent se partager un plus petit nombre de médecins spécialistes qu’ailleurs dans la région. Seules les densités de chirurgiens orthopédistes, environ 5 professionnels pour 100 000 habitants, et d’endocrinologues, pneumologues et rhumatologues, environ 2 pour 100 000, sont comparables à celles de Provence-Alpes-Côte d’Azur. À l’inverse, rapportés au même nombre de patients potentiels, ce sont les psychiatres, les gynécologues obstétriciens, environ 5 fois moins, et surtout les pédiatres, environ 8 fois moins, pour lesquels la différence est la plus marquée par rapport à la moyenne régionale. Ces chiffres de 2021 sont fournis par l’agence régionale de santé, et sont toutefois à prendre avec des pincettes car ils ne rendent pas compte du temps de travail de ces professionnels de santé.

C’est cette problématique du manque de spécialistes que souligne Maryvonne Vétillart, présidente de la délégation haut-alpine de la Mutualité Française, qui représente les 97 000 adhérents mutualistes du département.

En 2020, le département comptait 81 chirurgiens-dentistes, soit une densité de 57 pour 100 000 habitants, contre 72 pour 100 000 au niveau régional.

Par ailleurs, concernant les généralistes, il s’agit d’attirer constamment de nouveaux médecins pour remplacer les départs à la retraite. Une tâche ardue sachant qu’il y a besoin de plus de professionnels pour accomplir la même charge de travail, les jeunes diplômés recherchant un rythme de travail moins élevé que leurs aînés.

Selon la Mutualité Française, ces difficultés d’accès au soin sont la conséquence des politiques publiques « comptables » et « de court-terme » menées depuis plusieurs dizaines d’années. Parmi elles, le numerus clausus est en particulier pointé du doigt. Durant 50 ans, cette mesure a limité le nombre d’étudiants en santé, et donc de professionnels en exercice. Elle a été supprimée tout récemment, mais dans les faits, le manque de moyens des universités implique toujours une trop forte sélection, s’insurgent mutualistes et maires représentés hier.

Maryvonne Vétillart livre des pistes de solutions pour garantir un accès à des soins de qualité pour tous.

De leur côté, les maires vantent notamment les avantages des maisons de santé pluridisciplinaires. Jean-Pierre Gandois, médecin généraliste et premier élu de Crots, est secrétaire général de l’association des maires des Hautes-Alpes.

Les maisons de santé permettent donc d’augmenter le temps de travail dédié au médical en mutualisant l’administratif. Un dispositif qui est malheureusement encore lourd à mettre en place, déplore Jean-Pierre Gandois.

À l’heure où la population est vieillissante et où les apparitions de maladies chroniques augmentent, il est urgent d’agir, alertent maires et mutualistes.

La Mutualité Française a regroupé toutes ses propositions sur le site "Place de la santé", sur lequel les internautes sont invités à livrer leurs témoignages. Les programmes « santé » des candidats à la présidentielle y sont également décryptés. De plus, un débat avec ces candidats y sera retransmis en direct le 1er mars à partir de 9h.

L’association des maires de France auditionnera elle aussi les prétendants à l’élection présidentielle sur les questions de santé, ce sera le 25 mars prochain.