À la veille d’une journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, les actions « coup de poing » se multiplient
Hier, Emmanuel Macron déclarait devant des parlementaires de sa majorité que « la foule » n’avait « pas de légitimé » pour s’exprimer sur les réformes menées par le pays, contrairement aux élus. C’est un euphémisme de dire que ce n’est pas l’avis des salariés d’Enedis et d’EDF qui tiennent des piquets de grève partout en France pour mettre à l’arrêt la production d’électricité issue de site d’hydroélectricité et de centrales photovoltaïques.
Ces blocages auraient déjà engendré 450 M€ de pertes pour l’électricien, et, par rebond, pour l’État, son actionnaire très majoritaire. Et de fait, depuis lundi matin les centrales hydroélectriques de Serre-Ponçon (05) et de Jouques (13) sont à l’arrêt du fait de grèves, au moins jusqu’à demain, tandis que des salariés d’Enedis à Gap entrent aujourd’hui dans leur 6ème jour de grève. Leur action consiste notamment à bloquer l’envoi sur le réseau RTE d’électricité produite par des centrales photovoltaïques.
Pour un délégué syndical CGT chez Enedis à Gap : « la stratégie, c’est d’avoir un impact économique puisque le gouvernement ne veut pas écouter les gens qui sont dans la rue ». D’où la limitation des capacités de production d’EDF, ce dernier étant alors contraint de se fournir sur le marché européen au prix fort, estime cette même source.
Et aux grèves dans les raffineries, suivent logiquement les premières tensions sur l’approvisionnement en carburant dans les stations service. Après le Var et le Gard en début de semaine, c’est au tour des Hautes-Alpes de figurer dans la liste des départements concernés par un arrêté préfectoral encadrant la vente et l’achat de carburant.
Jusqu’à lundi 27 mars à 18h, la vente et l’achat de carburant sont limités sur l’ensemble du département à 30 litres pour les véhicules de moins de 3,5 tonnes, 120 litres pour les véhicules au PTAC compris entre 3,5 et 12 tonnes. La préfecture des Hautes-Alpes indique que ces restrictions visent notamment à éviter les phénomènes d’achat préventifs, qui participent à renforcer les pénuries. « La situation actuelle de tension en approvisionnement nous impose de réduire nos besoins en carburant, en choisissant des modes de transports plus économes quand cela est possible.» a déclaré Dominique Dufour, préfet des Hautes-Alpes, ajoutant « Il convient surtout d’éviter de faire des stocks de carburant, car c’est la surconsommation qui participe à créer la pénurie. »
Demain jeudi, ce sera la première journée de mobilisation organisée par l’intersyndicale depuis l’utilisation du 49.3 par le gouvernement. Dans les Hautes-Alpes rendez-vous est donné à 10h à Gap devant la préfecture, à 14h30 à Briançon devant la sous-préfecture.
Dernière action coup de poing en date :
l’inscription ce matin par un groupe de militants d’un message géant sur la montagne de Charance à Gap « NON 64 » de 100 mètres par 85. « Notre message est plus grand qu’un terrain de foot » se félicite la CGT des Hautes-Alpes qui revendique l’action dans un communiqué. Alexandra Pourroy de la CGT a participé à l’opération.
On le voit depuis Gap, de Romette, même depuis La Bâtie et jusqu’à la sortie de Gap en allant vers Tallard
Alexandra Pourroy, CGT Hautes-Alpes
« Si Macron est sourd, on espère qu’il sait lire » ironisent les militants : cheminots, techniciens des télécoms ou agents Enedis selon la CGT des Hautes-Alpes. En réalité leur message s’adresse à l’ensemble des haut-alpins en vue de la journée de mobilisation de jeudi 23 mars.
Le message c’est : ne vous résignez-pas, la colère qui gronde chez tout le monde doit être entendue, on veut beaucoup de monde demain pour la manifestation
Alexandra Pourroy, CGT Hautes-Alpes
La montagne de Charance se pare d’un manteau de printemps bien particulier cette année. Le dicton veut qu’en avril, on ne se découvre pas d’un fil. Pourtant les militants ont un autre calendrier en tête pour rendre à la montagne son aspect naturel.
On viendra le démonter dans quelques jours, ou avant si Macron retire sa réforme
Alexandra Pourroy, CGT Hautes-Alpes