Crédit photo : ram05

Embrun : tout ce qu’il faut savoir sur le futur nouvel hôpital

Le chantier du nouvel hôpital d’Embrun est sur les rails, avec une livraison prévue en 2029. L’ambition est de rénover en profondeur le bâtiment existant, l’option d’un déménagement ayant été définitivement abandonnée en 2022. Le point sur les objectifs et l’avancée du projet.

Après avoir envisagé le scénario d’une nouvelle construction, c’est la solution d’une réhabilitation du site actuel qui avait finalement été retenue en 2022 pour le nouvel hôpital d’Embrun, comme l’avait révélé ram05.

Ne plus « subir » le bâtiment : voilà la première exigence du projet. En effet, les locaux actuels sont particulièrement disparates, explique Rodolphe Bruxer, chargé de projet travaux au Groupement Hospitalier de Territoire.

Les premiers bâtiments ont un peu plus de deux siècles. Cet hôpital a été créé petit bout par petit bout, ce sont des des bâtiments qui ont été rapiécés. Aujourd’hui l’idée c’est de pouvoir uniformiser à la fois la qualité et l’architecture des bâtiments.

Rodolphe Bruxer

En particulier, le confort, notamment hôtelier lors de long séjours, n’est plus à la hauteur, note Blanche Pujos, directrice chargée du projet du nouvel hôpital.

On a des services qui n’ont pas été rénovés depuis longtemps, ce qui veut dire typiquement des chambres doubles, et qui ne sont plus du tout aux standards d’accueil aujourd’hui. Un service de soins médicaux et de rééducation qui propose uniquement des chambres doubles pour des séjours qui sont environ de 30 jours, ça reste quand même des conditions d’accueil qui ne sont plus celles qu’on propose dans nos hôpitaux.

Blanche Pujos

« Le bâtiment est ancien, les installations aussi », les travaux doivent donc les réhabiliter « à hauteur des équipes », résume Rodolphe Bruxer.

C’est ce que tient aussi à souligner Blanche Pujos.

Passer d’un bâtiment qu’on subit un peu dans notre quotidien avec ce bâtiment qui est rapiécé, à un hôpital qui est vraiment fait pour recevoir les patients et qui soit adapté aux usages de la rééducation, la médecine et les urgences. Avec un rehaussement du niveau d’équipement et l’installation d’un scanner. Pour faire un scanner, il n’y aura plus besoin de déplacer les patients, ce qui va forcément faciliter l’accès aux soins pour le bassin embrunais.

Blanche Pujos

Les urgences seront réorganisées. Une architecture repensée permettra une meilleure gestion des flux, sans croisement ni confrontation des patients entre eux, et une meilleure coordination et connexion entre infirmiers, médecins, ambulances et pompiers. Ce service s’adaptera également à la saisonnalité avec des chambres dédoublables. Enfin, une salle sera dédiée aux « situations exceptionnelles », ce qui n’est « pas vraiment organisé aujourd’hui ».

Rodolphe Bruxer et Blanche Pujos / Crédit photo : ram05

Une mission de « proximité »

L’hôpital actuel vise déjà un rôle de proximité, mais cette dimension sera renforcée, annonce la direction.

L’objectif, c’est d’améliorer nos parcours de soins sur le territoire avec, dans l’avenir, plus de spécialistes qui viennent faire des consultations avancées ou participer à des séances dans ce qu’on appelle aujourd’hui des hôpitaux de jour : les spécialistes se coordonnent pour venir en même temps pour prodiguer une séance complète de soins à un patient à l’hôpital d’Embrun. Avoir les spécialistes qui se déplacent pour une file active de patients plutôt que de faire déplacer les patients.

Blanche Pujos

D’où le besoin de rénovation des locaux pour attirer les professionnels.

On veut que ce soit un hôpital où les gens aient envie d’aller exercer, même ponctuellement. Et on pense vraiment qu’un projet immobilier architectural, c’est aussi un gros levier d’attractivité si les personnes s’y sentent bien.

Blanche Pujos

Du mouvement du côté des EHPAD

C’est un autre volet d’ampleur de ce chantier : l’EHPAD des Chanterelles et celui de Lou Village, situés sur d’autres sites en ville mais intégrés à l’hôpital d’Embrun, vont être réorganisés. Le premier va fermer, le second sera étendu.

Les explications de Blanche Prujos.

Il y a d’une part les Chanterelles, un site qui est plus ancien, plus vétuste, d’autre part Lou Village, qui est relativement récent, et enfin de l’espace dans le site hospitalier, avec de plus en plus de liens entre le sanitaire et le médico-social. En effet, on a une politique de maintien à domicile très forte, et donc, quand ils arrivent en EHPAD, les patients sont moins autonomes et ont plus besoin de soins et de médicalisation. Donc on s’est dit qu’il y avait un intérêt à rapatrier une partie de notre capacitaire qui est aujourd’hui dans les Chanterelles dans l’hôpital, qui propose un site plutôt agréable et avec une sorte de séparation entre un espace qui pourrait être sanitaire et un espace médico-social, et d’opérer une extension de Lou Village pour la suite des lits. Et donc de se séparer du site des Chanterelles. Ça nous permet d’avoir deux sites et donc d’avoir une plus grande facilité d’exploitation, et aussi d’avoir une vente pour financer en partie ce projet de rénovation très important.

Blanche Pujos

La capacité totale de 107 places d’EHPAD sera maintenue, annonce la direction. Une partie des places sera ajoutée à Lou Village grâce à une extension en structure bois, pour atteindre un total de 80 places. Ce chantier sera achevé fin 2025 ou début 2026. Et la majorité des autres places des Chanterelles sera rapatriée dans l’hôpital en mettant à profit une partie non-utilisée du bâtiment. L’idée est que cette nouvelle section dédiée au médico-social soit reliée à des jardins extérieurs et connectée avec le centre-ville.

EHPAD Les Chanterelles à Embrun / Crédit photo : ram05

Une volonté écologique

Un parti pris écologique figure aussi au cahier des charges. En premier lieu, les performances énergétiques ont largement besoin d’être améliorées, signale la directrice chargée du projet du nouvel hôpital.

Un sujet qui pèse à la fois sur l’exploitation courante de l’hôpital, sur le confort des professionnels et sur le confort des usagers, ce sont nos conditions actuelles d’isolation, de chauffage, de consommation énergétique. Même si on a une très bonne équipe de maintenance et qu’on gère au mieux actuellement, il y a un gros besoin d’avoir une meilleure performance là-dessus.

Blanche Pujos

Les consommations doivent donc être drastiquement revues à la baisse, expose Rodolphe Bruxer.

Nos objectifs en termes de performances énergétiques sur le nouvel hôpital vont être de diviser les consommations par 4. Le plus gros levier qu’on va avoir sur les bâtiments existants, c’est de tendre vers une isolation par l’extérieur, partout où ce sera possible. Le second levier qu’on va avoir, ça va être le raccordement au réseau de chaleur de la ville d’Embrun, qui va permettre de passer d’un chauffage au gaz aujourd’hui à un chauffage au bois, donc avec un bilan carbone qui sera beaucoup plus vertueux.

Rodolphe Bruxer

L’installation de panneaux photovoltaïques est aussi envisagée : « c’est un souhait de notre part », explique Rodolphe Bruxer, « mais nous devons travailler avec les architectes des Bâtiments de France, puisque nous sommes au cœur de la ville d’Embrun et que nous avons donc la contrainte de respecter le bâti existant environnant ».

Un travail sur les espaces extérieurs sera aussi engagé. Blanche Pujos livre quelques exemples.

Proposer un espace de jardin thérapeutique là où demain il y aura du médico-social dans les locaux, proposer des parcours de marche pour les patients. Demain il faudrait que ce soit adapté et qu’on puisse, avec une mobilité réduite, profiter largement des extérieurs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Donc c’est vraiment avoir une compréhension un peu plus large de ce qu’est l’espace de l’hôpital et d’intégrer les extérieurs.

Blanche Pujos

Pour récapituler, c’est donc bien une transformation des bâtiments existant qui est engagée, avec d’éventuelles extensions à la marge. Il y aura 10 places supplémentaires pour les « soins médicaux et de rééducation », mais la capacité en « hospitalisation » restera constante. Les urgences resteront ouvertes 24h/24 promet la direction.

Le planning

  • Début 2025 : désignation de l’architecte lauréat
  • 2025 : conception du projet par l’architecte, en lien avec l’hôpital
  • 2026 : lancement des travaux.
  • À partir de 2026 : livraison échelonnée des différentes parties de l’hôpital. Celles-ci seront isolées successivement avec des sas pour préserver les mesures d’hygiènes. Les services des urgences, d’imagerie et de consultation externe devraient être les premiers à entrer en fonction.
  • Été 2029 : fin souhaitée des travaux. Le nouvel hôpital doit pouvoir être en service pour des JO en 2030, souligne la direction.

Finances

  • Coût : évalué à environ 40 millions d’euros
  • Financement : une partie d’auto-financement via un emprunt, et des contributions de l’État, de la région et du département, dans des proportions qui restent à définir

Des permanences sont organisées tous les mercredis de 14h30 à 15h30 dans le hall de l’hôpital d’Embrun pour informer sur ce projet.